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The Kills

Paris, Bataclan - 28 octobre 2008

Live-report par Chloé Thomas

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Il y a le rock qui te prend aux tripes; et il y a celui qui te prend sauvagement contre la machine à laver. Celui des Kills appartient à la deuxième catégorie.

La « pipoplisation » croissante du groupe (Jamie Hince, ex-nouveau monsieur Kate Moss, et ce genre de choses) et le tournant radical qu'a constitué le troisième album, plus pop, hautement déroutant pour les amoureux des deux premiers opus : deux éléments qui invitaient à un scepticisme bon teint en se rendant au concert parisien du groupe. Mais ces réserves sont vite balayées par la force du trio boy, girl and beatbox.

Car quoiqu'on puisse penser des blips un peu foutraques qui servent de toile de fond à Midnight Boom, ils ne sauraient avoir raison du génie des Kills concentrant tout en un beat organique, vital, puissant. Inutile de se disputer pour savoir quelle est la part de mise en scène dans les jeux érotico-dansants auxquels se livrent Hotel et VV; à les voir, on sait qu'ils sont là et qu'ils chantent parce qu'ils ne peuvent faire autrement, force motrice rare qui égale celle animant feu Ian Curtis.

La playlist fait la part belle aux tubes du nouvel album. U.R.A. Fever et Cheap And Cheerful sont dûment exécutés et convainquent même ceux qui en pensaient du mal, portés qu'ils sont par la même conviction inaltérable. Mais il est vrai que l'on n'est jamais si éblouis que par les morceaux plus anciens, qui sont aussi plus épurés, encore plus denses, donc encore plus intenses. No Wow notamment, obstiné, rageur, fascine.

Finalement, l'impression qui domine est que Midnight Boom n'a pas constitué un tournant si radical que cela; les intentions sont les mêmes, l'instinct de vie simplement s'est trouvé d'autres formes d'échappées. On gardera l'image d'Alison Mosshart, cheveux noirs lui couvrant le visage, jambes maigres arc-boutées sur le micro, se tenant dans la lumière en scandant l'essentiel : une pulsion.