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Cajun Dance Party
The Ting Tings

Paris, Cigale - 14 novembre 2008

Live-report par Hybu

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La Cigale, cette superbe salle montée sur ressorts, accueillait pour cette troisième date du Festival des Inrocks une affiche plus orientée "pop" avec les Anglais The Ting Tings, un des succès commercial de l'année, les jeunes Cajun Dance Party, déjà présents l'année dernière, les Américains fluo rigolo pop Black Kids, Amazing Baby, nouvelle troupe de jeunes brooklyniens en pleine vague de revival psychédélique et vaguement hippy, ainsi que l'invité surprise de ce soir, l'un des seuls représentant de l'hexagone, GaBLé.

J'arrive trop tard pour voir le groupe caennais, Amazing Baby joue déjà dans une salle à trois quarts remplie. Malgré son apparent jeune âge, le groupe est bien en place, leur musique évolue en plein dans le revival psychédélique très en vogue dans une version très rock, basse Rickenbacker à fond dans les médiums, guitare bien en avant et chant solide. Malgré un léger manque de charisme, quelques chansons valent le détour. Le guitariste lead sur-joue peut être un peu, ce qui par moment gâchent l'intérêt de certaines chansons en les noyant dans un flot de détails électriques vains, mais parfois, le même garçon tape dans le mille et arrive à bien faire monter la tension.

La soirée enchaîne ensuite sur l'un des buzz de l'année : Black Kids. Néons sur la scène, on les imagine bien tout juste sortir de la confiserie, la bouche remplie de fraises tagada et de jolis jouets musicaux à cordes ou à touches. Dès les premières notes, le public qui semblait les attendre, esquisse des mouvements de bassin. Il faut admettre que les lignes de basses du groupe sont rebondissantes, les accords majeurs et que le groupe prend manifestement beaucoup de plaisir. Leur pop est espiègle, amusante et maligne. Malheureusement, leurs chansons tournent parfois à la recette, on ne fait pas un bon repas qu'avec des bonbons, surtout que la voix élevée du chanteur est parfois crispante. Peu importe, la salle semble conquise, leur énergie fût contagieuse.

En attendant les deux groupes anglais, la salle patiente en écoutant Jules Edouard Moustiq, histoire de changer du remix de Soulwax des Gossip diffusé tous les soirs entre les concerts. L'interlude est plutôt navrante. A tel point que je me demande si cela n'a pas refroidi le public qui accueille, placide, Cajun Dance Party. Les premières chansons (Colourful Life, The Fireworks) du groupe sont un peu molles. Pourtant très convaincantes sur disque, sur scène elles manquent d'énergie, de conviction, et certainement, de bons arrangements (cordes...). Le groupe joue quelques nouveaux titres (notamment Five Days) mais la sauce ne prend pas trop. D'autant que le son, souvent très bon, était assez mal réglé et que la pauvre claviériste passe pour une poupée russe inanimée en dehors de The Hill, The View & The Lights sur laquelle sa très jolie voix sous exploitée est appréciée. Heureusement, en fin de set, l'arrivée des singles les plus forts Amylase, The Race et surtout The Next Untouchable réveillent enfin un peu la salle, mais sans doute un peu tard.

La salle était manifestement venue en masse pour les Ting Tings, car leur entrée se fait sous les acclamations d'un public conquis d'avance. Etant loin d'être spécialiste de leur musique, je me recule un petit peu mais j'apprécie vraiment la vigueur du show, très bien rôdé, d'une efficacité rare et porté par le charisme réel des deux protagonistes. Ne vous inquiétez pas, la formule duo est parfaitement bien intégrée, la chanteuse occupe avec énergie l'espace de la scène et le garçon tape avec vigueur tel un métronome sur sa batterie. Même si mes préférences iront vers That's Not My Name avec son côté vaguement Tom Tom Club et surtout Great DJ, joué dans la première partie du concert, avec sa mélodie crochet qui s'agrippe à la tête toute la journée et qu'on chantonne dans le métro, c'est leur tube, interprété en dernier, Shut Up And Let Me Go qui s'attirera le plus les faveurs et les danses du public, remerciant le groupe sous une ovation.

Avec une affiche finalement plus cohérente qu'elle ne le paraissait, cette troisième soirée des Inrocks à la Cigale fut plutôt une bonne surprise, malgré la légère déception du set de Cajun Dance Party, en dessous de leur énorme potentiel. L'ambiance chaleureuse a heureusement fait rebondir plus d'une fois le dancefloor de la salle grâce aux Black Kids et aux Ting Tings en bonne forme.