Il y a des soirs comme ça où les choses tombent à point nommé, devenant exactement ce que vous souhaitiez qu’elles soient. Et ce soir-là, à la Maroquinerie, le groupe écossais de Camera Obscura fût, l’espace de 90 belles minutes, exactement ce que l’on attendait tous d’eux.
Après un set bruististe et mélodique de Violens, Camera Obscura débarque sur scène, avec à leurs pieds une salle majoritairement venus pour leur pop lumineuse. Et dès l’entame, l’attente ne sera pas fortuite. Si les premières écoutes de My Maudlin Career avaient moyennement convaincues, ces scènes, ces arrangements, prennent alors totalement vie entre les mains mêmes de leurs créateurs. Plus ample, plus vivant, plus avenante, la pop des écossais se mue en une synergie de groove, de rythmes sous-jacents, d’acuité harmonique, qui se ne cesse de se mouvoir. Pourtant, sur scène, l’intransigeance et la rigueur sont les mots d’ordre de Camera Obscura. Cela est dû, même si on a tendance à l’oublier car surtout découvert il y a deux ans, grâce à la maturité d’un groupe ayant plus de dix ans d’expérience. Cependant, la setlist ne couvrira que les deux derniers albums, de ceux qui les ont rendus populaires.
Idéalement débuté avec des titres du nouvel album My Maudlin Career, Honey In The Sun ou French Navy rendant grâce à la formidable voix de Tracyanne Campbell, dont le timbre mirifique suffit à un plaisir sans pareil. Malheureusement quelques problèmes techniques viennent entacher le set, notamment malheureusement sur le tube Let’s Get Out Of This Country, où Tracyanne ne peut suivre de son chant par faute de retour. Elle se rattrapera néanmoins, de la plus belle des manières, sur un Hey Lloyd, I’m Ready To Be Heartbroken d’une resplendissante flamboyance.
Camera Obscura est un groupe fondamental, en ce qu’ils parviennent à garder intact un savoir-faire de la pop qui ne se fait plus tellement aujourd’hui. Fascinante, immédiate, humble, généreuse, délicate, émouvante. Camera Obscura, de la pop comme on n’en fait plus.