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Lily Allen

Paris, Cigale - 6 mai 2009

Live-report par Kris

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Chronique singulière d’un mec partial.

Le dernière fois que j’avais vu Lily Allen sur scène, c’était il y a deux ans sous un des chapiteaux de Solidays. Un anglais large, un peu trop excité, manquait de me mettre un coup de latte à pogoter comme une puce de quatre-vingt dix kilos. Après quelques bousculades et débuts d’effritement, ce charmant jeune homme me lâche un « on est à un concert de Lily Allen là, et à un concert, on danse ! », à la suite duquel je laissa de côté ma superbe réplique mêlant sa manière de danser et l’image mentale que je me faisais d’un bébé éléphant sur un trampoline ; ceci dit, il avait raison. A un concert de Lily Allen, on danse. Enfin, on dansait.

Entre hier et aujourd’hui ? Un nouvel album, It’s Not Me, It’s You, qui définit désormais les contours de la musique de Lily Allen. Car ce soir, loin semble être le temps des concerts d’Alright Still, où Lily Allen était une jeune débarquée, mal à l’aise dans ce costume de pop-star encore trop ample pour son inexpérience. Sur la scène de la Cigale, c’est une artiste à la routine accomplie qui venait donner son spectacle. Exit les cuivres, les chœurs, un backband plus classique batterie-guitare-basse vient épauler une Lily Allen métamorphosée. Physiquement, tout d’abord, arborant une tenue nettement plus féminine accentuant ce brin mutin séducteur qu’elle possédait déjà. Mais surtout, scéniquement ; plus sûre de sa voix – on imagine mal la Lily Allen d’il y a trois ans pouvoir chanter sur des variations de demi-tons - et de sa technique de chant, on la sent largement plus à l’aise que par le passé, libre conséquemment de ses mouvements, de ses déplacements.

Au-delà de la qualité même de ces nouvelles compositions, leurs structures et leurs utilisations de la voix de Lily Allen aboutissent, sur scène, aux mêmes finalités que sur l’album. Toutes les aspérités sont désormais gommées, au profit d’un tout résolument homogène, mais laissant beaucoup moins de place à un certain degré de liberté, comme sur Everyone’s At It ou I Could Say qui ouvrent le bal. Les compositions lissées, ne décollent ainsi jamais réellement malgré les bonnes volontés d’une Lily Allen enthousiaste et d’un public conquis. Même les arrangements des tubes Everything’s Just Wonderful et LDN perdent de leur pouvoir de percussion, s’arrogeant d’inconvenances rythmiques et d’un chant calibré aux nouvelles chansons plus orientées pop.

Avec Lily Allen, cependant – et fort heureusement -, rien ne sera jamais complètement cloisonné. Plus les choses avancent, plus l’on retrouve la Lily Allen que l’on a finalement presque toujours modestement connu : provocante, subversive, irrévérencieuse. Enchaînant verres de vin et clope au bec, on a naïvement l’impression de retrouver un semblant de fond familier ; qui se concrétise sur une toute fin superbement menée. Pour amorcer le changement de régime, un Fuck You exemplaire de tout ce que l’on aime chez l’Anglaise, ce sens du paradoxe et de la métaphore. Au premier rang, quatre petites filles arborent un superbe doigt d’honneur tout en sautillant, à l’image de leur idole.

Un rappel de folie viendra clôturer cette soirée, avec comme synthèse symbolique un enchaînement Smile – The Fear – Womanizer qui finira de faire sauter une Cigale enchantée. Avant, on dansait sur la musique de Lily Allen. Désormais, on saute parce qu’on ne sait plus comment y danser. Finalement, c’est peut-être bien le gros Anglais qui avait raison depuis le début.
setlist
    Everyone's At It
    I Could Say
    Never Gonna Happen
    Oh My God/Everything's Just Wonderful
    Him
    Who'd Have Known
    LDN
    Back to the Start
    He Wasn't There
    Littlest Things
    Chinese
    22
    Not Fair
    Fuck You
    ------------------
    Smile
    The Fear
    Womanizer
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