L'endroit est plutôt inhabituel pour un concert sixties à Paris. Le public de ce soir est d'ailleurs majoritairement composé d'habitués de la Mécanique Ondulatoire, cheveux longs, chemises psychédéliques et Chelsea Boots inclus. Il faut dire que les Draytones puisent allègrement dans les influences des groupes Beat, l'orgue en est un témoin...
Le concert commence un peu en retard, pas surprenant, le groupe attend que la salle se remplisse doucement. Le public est donc venu pour eux malgré quelques tables avec bouteilles champagnes typiques du décorum de micro-cabaret branché de l'ouest parisien. Contrairement à sa dernière prestation à Paris, le groupe s'est désormais adjoint les services d'un clavier, ajout non négligeable, contribuant à merveille à l'ambiance sixties beat et rock de la soirée. Le set est complet, puisant largement dans les chansons du premier album du groupe. Notons la présentation bienvenue de deux chansons en espagnol. Le chanteur Gabriel est d'origine argentine, et quasiment tous les membres du groupes parlent parfaitement cette langue. Un Dia Mas évoque d'ailleurs la musique d'un de mes groupes préférés des sixties : Los Shakers. D'origine uruguayenne, ils sont inconnus dans nos contrées bien trop anglo-centrées, ils ont pourtant sortis quelques disques indispensables en particulier La Conferencia Secreta del Toto's Bar ! L'ambiance est chaleureuse, le groupe semble content d'être là, nous entendons des petits cris, des fans qui chantent en même temps. Keep Loving Me finit le set en beauté, de loin leur chanson la plus accrocheuse et agressive, elle emporte tous les suffrages et s'avère être un point final savoureux.
Il est un peu triste que ce groupe ne soit pas plus connu. Bien sûr, la scène sixties est une niche. Malheureusement, elle tourne un peu en cercle fermé et pourtant contient quelques perles qui mériteraient largement une meilleure exposition. C'est justement le cas de The Draytones qui ont fait un excellent concert dans des conditions peu idéales, quoique l'intimité d'un tel endroit nous ferait presque passer pour des privilégiés.