Blur

Sept années que les fans de Blur attendaient ça : longtemps brouillés, Damon Albarn et Graham Coxon ont su mettre leurs différents au printemps dernier pour offrir une seconde jeunesse à leur formation de toujours, faisant du concert donné ce dimanche 5 juillet dans le cadre exceptionnel du Théâtre de Fourvières à Lyon l’un des événements musicaux de l’été.

Point de première partie ce soir, les seuls Blur étant annoncés sur scène pour 21h30. C’est avec moins de cinq minutes de retard que les quatre anglais prennent leurs quartiers et font face d’emblée à un public euphorique bien conscient de vivre là un moment exceptionnel. Si Damon Albarn, de son propre aveu, est quelque peu fatigué vocalement après une semaine chargée outre-Manche, l’anglais est physiquement survolté et le montre dès les premières minutes d’un set parfaitement lancé par She’s So High et surtout un Girls & Boys frénétique. Même si la réaction du public massé dans les gradins n’est pas toujours à la hauteur, la fosse se révèle prête à tout instant à exploser.
L’attente est bien évidemment grande envers les titres les plus connus de la formation, mais de manière fort judicieuse le groupe a souhaité trouver un juste équilibre entre les chansons ayant fait sa gloire et d’autres moins connues du grand public. Alors que There’s No Other Way et un Beetlebum grandiose enflamment l’amphithéâtre, Tracy Jacks ou Jubilee offrent après cette entame en fanfare quelques intermèdes de repos. Bien décidé à ne pas laisser l’ambiance retomber, le groupe pousse un second coup d’accélérateur avec l’enchaînement réussi de Out Of Time et Coffee & TV, avant que le grandiloquent mais superbe Tender, bien lancé par Alex James à la contrebasse, ne fasse à son tour son effet.
A quatre, cinq, huit ou onze, accompagnés régulièrement par leur claviériste mais aussi plus ponctuellement par trois choristes et un trio de cuivres, Blur réussissent un véritable sans faute que les acclamés Country House et Parklife ne font que mettre un peu plus en valeur dans la folie ambiante, le public étant il est vrai souvent harangué par un Damon Albarn à la joie contagieuse. Après une telle débauche d’énergie, le groupe choisit de boucler la fin de set principal de manière plus mesurée avec To The End sur fond de boule à facettes puis This Is A Low. A cet instant, l’ensemble du public est enfin debout et le restera jusqu’à la fin de la soirée.

Le rappel est demandé avec un certain entrain et bien entendu accordé par le groupe. Popscene puis Advert donnent ainsi la possibilité à Graham Coxon de se laisser aller encore une fois avec ces quelques titres plus punk tandis que Damon Albarn s’offre son second slam du soir, avant que le grand moment du concert n’arrive. Dave Rowntree, à la batterie, est à cet instant le seul en action, le public reconnaissant dans la foulée l’introduction du fameux Song 2 avant de lancer les premiers « woo-hoo » le caractérisant. Durant deux courtes minutes, la folie emporte l’ensemble du public, des dizaines de coussins distribués en début de soirée volant dans les airs pour atterrir aux quatre coins de la scène autour de musiciens tout aussi surpris qu’amusés.
Lorsque le groupe revient sur scène pour un second rappel, après une vaine tentative de ménage, c’est sur un amas de ces mêmes coussins que Graham Coxon se jette alors que ses trois autres camarades inversent les rôles et renvoient la pareille au public avant de reprendre place derrière leurs instruments respectifs. Un énergique Death Of A Party est ainsi joué avant For Tomorrow et un The Universal définitivement marquant pour l’ensemble des personnes présentes ce soir.

Dans un cadre somptueux et des conditions presque intimistes à la vue de leur statut, Blur ont fait honneur le temps d'une soirée à leur réputation et montré que, même après plusieurs années de flottement, leur place est bel et bien toujours aux côtés des plus grands noms de la pop anglaise.