Le trio laisse alors place au cube mécanique de Simian Mobile Disco. Avec une prestation live conçue comme un set son & lumières pour présenter son nouvel album Temporary Pleasure, le duo de DJ anglais a prévu une mise en place scénique pour le moins conceptuelle. Visualisez. Sur de la techno acide, les deux James, Ford et Shaw, passeront leur temps à courir autour de ce cube à régler constamment leurs machines, sur fond de lumières stroboscopiques et fumée ambiante, face à un public extatique. Concernant les nouveaux morceaux découverts, ceux comprenant la présence d’un invité vocal - et ils n’en manquent pas : Beth Ditto (The Gossip), Alexis Taylor (Hot Chip), Gruff Rhys (Super Furry Animals)… - assument une identité plus pop, comparé aux anciens titres instrumentaux, aux alentours résolument plus radicaux. Mouvementé, mais pas forcément toujours saisissant, ce set tentait fondamentalement de recoller à un certain esprit acid-house, tant sur le fond que sur la forme. Par aspects, cela aura parfois été le cas.
Peu de répit, les sets s’enchaînent bien, avec l’arrivée du super-groupe pastiche de Supermayer. Composé du boss de Kompakt himself, Michael Mayer, et d’Aksel Schaufler de Superpitcher, le combo Supermayer se pose en entertainer de luxe. Beaucoup plus léger que leurs prédécesseurs sur scène, le duo Allemand délivre un set à l’image de leur album Save The World, sorti il y a deux ans, pas toujours sérieux, plaisant et immédiat. L’intérêt est forcément toujours limité, mais on ne boude pas devant le savoir-faire de ces quatre mains d’exception. Les mélodies faciles et les rythmes d’apparat satisferont les jambes déconfites d’un public en l’attente de son zénith à atteindre par le biais de son petit bijou brésilien.
La musique n’est bien souvent qu’une question de contexte. L’exercice du live d’autant plus. Pour Gui Boratto, tout était réuni pour l’accomplissement d’une telle réussite. Sans enchaînement avec Supermayer, Boratto prend les commandes et manœuvre la transition sans fracas mais avec éclat. La densité musicale se fait ressentir. Les danses futiles se muent en transes dociles inspirées par les ritournelles minimales du Brésilien. Il est cinq heures du matin, le ciel est sombre, mais le temps nous paraît décompté, comme si la chaîne du temps qui passe s’était liquéfié au rythme des valses électriques qui résonnent désormais. Le public se dandine au son crépusculaire des titres de Take My Breath Away et Chromophobia, et ils ont raison, pourquoi ne le feraient-ils pas ? Le cadre devient poétique, et la relation devient idyllique, tandis que les premiers rayons de soleil viennent poindre et transpercer ces vitres suintantes ; témoins privilégiés d’ébats insondables, sublimés par un mythique Beautiful Life qui ne voulait plus en finir. Gui Boratto, compositeur de génie d’œuvres à la profondeur mirifique, sortira sous les clameurs d’un public éreinté mais repu, au son d’un Azzurra teinté d’une mélancolie saisissante.