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Simian Mobile Disco

Vincennes, We Love Fantasy - 11 juillet 2009

Live-report par Kris

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Pour la troisième édition de sa nuit électro, le collectif We Love Art a vu les choses en grand. Se déroulant toujours à la Chesnaie du Roy dans le Bois de Vincennes, la programmation de We Love Fantasy a franchi un palier par rapport aux précédentes tenues de l’évènement, avec moins de noms, mais avec un line-up cohérent et surtout de renom : les danois de WhoMadeWho, le duo anglais de Simian Mobile Disco, le combo allemand de Supermayer, et surtout, la perle brésilienne Gui Boratto.

Après un DJ set du Sisters Sound System de Phunk, les déjantés barbus de WhoMadeWho débarquent sur scène. Alors qu’ils auraient aisément pu passer comme les intrus de la soirée (seul groupe de rock, jouant de vrais instruments live), il s’avère qu’il n’y avait pas mieux qu’eux ce soir-là pour lancer les hostilités. Déjà expérimenté plus tôt cette année lors de leur passage au Point Ephémère, les WhoMadeWho n’ont pas déçu et ont donné exactement ce que l’on attendait d’eux. Du rythme, du riff, de la sueur.
Définitivement rock sur les abords, les Danois se déclinent comme des chauffeurs de dance-floors fatals. Le riff de Keep Me In My Plane et de la reprise de Satisfaction de Benassi hanteront pendant un certain temps ce début de soirée déjanté. Hybride, comme on peut l’attendre de ces purs rejetons scandinaves, la musique du groupe prend tout son sens sur scène où le basculement rythmique joue presque autant que la qualité de leur musique.

 

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Le trio laisse alors place au cube mécanique de Simian Mobile Disco. Avec une prestation live conçue comme un set son & lumières pour présenter son nouvel album Temporary Pleasure, le duo de DJ anglais a prévu une mise en place scénique pour le moins conceptuelle. Visualisez. Sur de la techno acide, les deux James, Ford et Shaw, passeront leur temps à courir autour de ce cube à régler constamment leurs machines, sur fond de lumières stroboscopiques et fumée ambiante, face à un public extatique. Concernant les nouveaux morceaux découverts, ceux comprenant la présence d’un invité vocal - et ils n’en manquent pas : Beth Ditto (The Gossip), Alexis Taylor (Hot Chip), Gruff Rhys (Super Furry Animals)… - assument une identité plus pop, comparé aux anciens titres instrumentaux, aux alentours résolument plus radicaux. Mouvementé, mais pas forcément toujours saisissant, ce set tentait fondamentalement de recoller à un certain esprit acid-house, tant sur le fond que sur la forme. Par aspects, cela aura parfois été le cas.

 

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Peu de répit, les sets s’enchaînent bien, avec l’arrivée du super-groupe pastiche de Supermayer. Composé du boss de Kompakt himself, Michael Mayer, et d’Aksel Schaufler de Superpitcher, le combo Supermayer se pose en entertainer de luxe. Beaucoup plus léger que leurs prédécesseurs sur scène, le duo Allemand délivre un set à l’image de leur album Save The World, sorti il y a deux ans, pas toujours sérieux, plaisant et immédiat. L’intérêt est forcément toujours limité, mais on ne boude pas devant le savoir-faire de ces quatre mains d’exception. Les mélodies faciles et les rythmes d’apparat satisferont les jambes déconfites d’un public en l’attente de son zénith à atteindre par le biais de son petit bijou brésilien.

 

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La musique n’est bien souvent qu’une question de contexte. L’exercice du live d’autant plus. Pour Gui Boratto, tout était réuni pour l’accomplissement d’une telle réussite. Sans enchaînement avec Supermayer, Boratto prend les commandes et manœuvre la transition sans fracas mais avec éclat. La densité musicale se fait ressentir. Les danses futiles se muent en transes dociles inspirées par les ritournelles minimales du Brésilien. Il est cinq heures du matin, le ciel est sombre, mais le temps nous paraît décompté, comme si la chaîne du temps qui passe s’était liquéfié au rythme des valses électriques qui résonnent désormais. Le public se dandine au son crépusculaire des titres de Take My Breath Away et Chromophobia, et ils ont raison, pourquoi ne le feraient-ils pas ? Le cadre devient poétique, et la relation devient idyllique, tandis que les premiers rayons de soleil viennent poindre et transpercer ces vitres suintantes ; témoins privilégiés d’ébats insondables, sublimés par un mythique Beautiful Life qui ne voulait plus en finir. Gui Boratto, compositeur de génie d’œuvres à la profondeur mirifique, sortira sous les clameurs d’un public éreinté mais repu, au son d’un Azzurra teinté d’une mélancolie saisissante.

We Love Fantasy s’achève. Il fait déjà jour dehors. Et pourtant les dernières heures se seront engouffrées dans un abîme de nostalgie où son emprise n’avait plus de sens, plus de poids. Rentrons donc, car nos histoires reprennent, maintenant.