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Gravenhurst

Paris, Cigale - 16 juillet 2009

Live-report par Kris

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Affiche a priori plus qu’appétissante en ce soir de chaleur à la Cigale. Gravenhurst, folkeux britannique reconverti dans un rock psychédélique, en première partie des fameux Animal Collective. N’ayant encore jamais eu l’occasion de voir le si-adulé groupe de New York, là était l’occasion de les observer se mouvoir sur cette scène déjà totalement préparée, alors que Nick Talbot seul se découvre face à un public déjà conséquent, aussi bien à l’intérieur, qu’à l’extérieur à patienter dans la file d’attente.

Dans le brouhaha ambiant, et armé de sa seule guitare, Nick Talbot devait se sentir bien seul. Public parisien, jeune et étant venu principalement pour Animal Collective - pardon, pour le 9.6 de Pitchfork accordé pour Merriweather Post Pavillion -, la prestation du frontman de Gravenhurst ne les a, peut-on dire, pas happé. Il est vrai que les chansons acoustiques, sobres et intimistes de Talbot ne résonnèrent qu’à travers peu d’oreilles attentives. Sur des chansons folk, des arrangements minimales, et sa voix délicate, Talbot a tenté de se muer en hypnotiseur mais sans réellement de succès, dans une indifférence quasi-générale, où les discussions, les bruits de gobelets en plastique et d’éventails prirent largement le pas sur l’ambiance propagée par la musique de Gravenhurst. Exception sera faite sur une fin de set d’une huitaine de chansons, tout en bruit, tout en larsen à l’image de son Fires In Distant Buildings, où l’on verra Nick Talbot à genoux à triturer ses machines, transition finalement des plus logiques pour faire suivre les New Yorkais.

Animal Collective se révèlera, comme convenu désormais, une expérience particulière. Cependant, beaucoup moins qu’auparavant apparemment. Pourtant, les préparatifs et le début de concert laissent ouvertes toutes trames possibles. Pénombre veillée par une scène aux divers points lumineux, une énorme boule blanche où sont projetées des images, petite lampe frontale de Geologist éclairant ses machines au-devant, les décibels emplissent lourdement la Cigale à l’entrée d’Avey Tare et de Panda Bear. Si les premières dizaines de minutes de concert plongent l’auditoire dans une masse difforme de sons et ambiances variant d’une electronica psychédélique à de l’expérimentation bruitiste, toute la performance d’Animal Collective sera finalement ponctué de sortes de bouées de sauvetage que seront les singles. My Girls, Fireworks, Brothersport. Chacun de ces passages marquera un point d’accroche que saisiront vigoureusement les néo-fans post-Feels, étant visiblement perdus lors des décrochages distordus comme le polyphorme Who Could Win A Rabbit ? ravissant un autre pan du public, emportés par leurs tourbillons chamaniques.

Peu interactifs, les trois avant-gardistes semblaient être, à l’image de la tournure qu’a pris leur carrière ces dernières années, partagés entre leurs velléités artistiques – intransigeantes – et leur ouverture face à un public désormais largement massés derrières leurs cris vocaux et synthétiques.
Toujours en montée constante, jamais ils ne franchiront le pas de l’interaction totale avec leur public, en retrait. Pourtant les deux entités de leur public auront eu de quoi être satisfaits, et c’est peut-être cette dimension qu’Animal Collective a encore un certain mal à assimiler. Car si aujourd’hui, leurs cris bestiaux, l’opacité de leur musique sont plus que jamais saisissants ; Animal Collective s’est ouvert sciemment à son public, mais ne semble pas tout à fait prêt à l’assumer.