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Rodeo Massacre

Grenoble, L'Ampérage - 16 octobre 2009

Live-report par David

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La mauvaise nouvelle s’était répandue comme une trainée de poudre blanche dans la région: après cinq années passées à peaufiner leur style et envoyer la purée partout où on les accueillait, le meilleur combo de rock français actuel venait de décider la mise en bière de leur projet Firecrackers pour cause de dispersion géographique des membres du groupe. Cette date « à la maison » du 16 octobre, qui était déjà événementielle puisque le groupe avait réussi (par l’intermédiaire du Rhesussien Simon) à rameuter en première partie Lafayette et Rodeo Massacre, devenait pour l’occasion inratable pour tous fan de rock n’ roll digne de ce nom et le peuple grenoblois ne s’y est pas trompé puisque la salle affichait complet à l’entrée.

Ce sont donc les excellents parisiens de Lafayette qui avaient la lourde tache de démarrer les hostilités et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont réussi avec brio : malgré une durée de set assez courte, leur style très direct mélangeant habilement le heavy-rock classique avec une âme soul toute droite sortie des 70’s fait instantanément son effet et Nat, leur charismatique et impressionnante chanteuse, s’occupe du reste. On sent que le groupe commence à avoir de la bouteille et le son fabuleux proposé par L’Ampérage, surtout pour une première partie, c’est plutôt rare de nos jours, aide parfaitement le public à profiter pleinement du moment.
Seul petit bémol, pour que Lafayette passent un cap et deviennent vraiment nos Bellrays à nous, il faudrait peut-être ressentir un peu plus de plaisir et de folie de la part des musiciens qui se contentent trop souvent de laisser leur merveilleuse chanteuse s’occuper seule de la présence scénique. Mais ne boudons-pas notre plaisir, musicalement c’était impeccable, et la soirée ne pouvait pas mieux commencer.

Après une courte pause, ce sont les londoniens de Rodeo Massacre qui prennent le relais et débarquent sur scène dans une formation trio surprenante, avec Izzy leur incontournable chanteuse seulement accompagnée de son bassiste/clavier et de son guitariste qui jouera tout le concert assis à s’occuper également en même temps des parties de batterie ! Le groupe démarre impeccablement le show avec trois chansons très typées, magnifiées par le superbe son de clavier proposé (Green Onions n'était jamais très loin !) ainsi que l’exceptionnelle voix de leur chanteuse. Malheureusement, par la suite, la tension retombe un peu lorsque le clavier est délaissé au profit de la basse, puisque les chansons s’enchainent et se ressemblent un peu trop pour convaincre pleinement un public venu pour entendre du décibel : la superbe voix d’Izzy tourne alors un peu à vide et quelques approximations musicales font leur apparition.
Mais quelques singles bien sentis, The World Has Changed et l’addictif The Game en tête, viendront quand même remporter l’adhésion de la salle entière. Prestation sympathique donc, mais on attendra de voir Rodeo Massacre avec un vrai batteur derrière-eux pour se faire une meilleure idée, ne serait-ce que pour pouvoir profiter du jeu très précis de leur guitariste sur une véritable rythmique rock qui devrait insuffler au groupe ce qui leur a manqué ce soir.

Et enfin, l’heure que tout le public grenoblois attendait est arrivée. Comment décrire avec des mots, l’énorme débarquement des Firecrackers sur la scène de l’Ampérage ? Un seul peut-être. Wasteman. En dix secondes, tout était plié et on savait d’ores et déjà que l’intensité rock n’ roll de ce concert serait inoubliable. L’infernale rythmique imposée d’entrée de jeu par Dennis à la batterie ne laissait pas d’autre choix à Yann, Jose et Tony que celui de tout donner à un public incroyable qui a accueilli son groupe en héros de la première à la dernière note de ce show dantesque.
Impossible de sélectionner un moment particulier de la suite de ce concert tellement ils auront été nombreux : une version fantastique de You Can Run But You Cannot Hide, les multiples envahissements de la scène par des premiers rangs aussi déchainés dans l’expression de leur passion que respectueux des musiciens lorsqu’ils étaient à leur coté, le merveilleux duo bluesy Pinball Machine Blues avec Nat, la chanteuse de Lafayette, et un Yann parfait aux claviers, le concours du « plus grand nombre de stage-diving dans ta gueule », la culture du riff Judas Priest de Tony, la géniale Still Alive avec mention spéciale au percussionniste, l’émotion palpable des membres du groupe au fur et à mesure que la soirée avançait, le son impeccablement net et puissant tout au long du set (un immense bravo à l’Ampérage pour ça), le quatre à la suite (« Hair/Sunglasses/Beer/Cigarette ») parfaitement rock n’ roll de la Jose-attitude, les versions électriques de Break Out dédiée à AC/DC et Out Of Gazoline, dédiée évidemment aux Chameleon’s Day, l’énergie extra-terrestre de Dennis derrière les fûts sur la longueur du show ou encore la joie de jouer franchement communicative des trois frontmen.. Un concert parfait donc, comme on en voit très rarement tellement le sens du mot « rock n’ roll » peut être galvaudé et bafoué de nos jours.

Alors, à l’heure où à la sono le Tommy le plus cool de la planète nous balance First It Giveth dans les oreilles en introduction à la nuit festive qui ne faisait que commencer, on ne pouvait s’empêcher de penser que les Firecrackers avaient eu une idée aussi couillue que géniale : faire croire à tous leur fans et à la France du rock qu’ils arrêtaient, histoire de faire venir les groupes et les personnes qu’ils aimaient le plus pour réaliser leur rêve d’une soirée rock n’ roll, inoubliable et parfaite chez eux là où tout a commencé.
Bien joué les gars, ça a marché ! Maintenant, fini les blagues, vous pouvez nous annoncer pour de bon que c’était du flan cette histoire de break et que la machine de guerre Firecrackers repart à fond la caisse pour de nouvelles aventures enfumées, bruyantes et mythiques!
Et ne nous faites-pas attendre trop longtemps pour l’annonce hein, parce qu’on a vraiment flippé avec vos conneries...