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Noisettes

Paris, Trabendo - 29 octobre 2009

Live-report par Anne-Line

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J'ai découvert les Noisettes dans un bar crasseux de Shoreditch à Londres, en août 2006. À l'époque leur show était à l'image de l'endroit : puant la sueur, assourdissant et bas de plafond. Shingai Shoniwa était la maîtresse de cérémonie de ce rituel païen tonitruant, arborant des costumes extravagants et un maquillage à faire pâlir de jalousie Patrick Wolf et Gene Simmons réunis. On sortait de là étourdi, lessivé, mais avec la conviction d'avoir découvert la nouvelle prêtresse voodoo du punk.

29 octobre 2009. Les Noisettes sont à Paris pour assurer la promotion de leur second album, Wild Young Hearts. Deux disques et un tube (Don't Upset The Rhythm) plus tard, que reste-t-il de la force incantatoire des Noisettes ? Aux alentours de 20h30, le Trabendo est rempli presque à ras bord, et l'ambiance est à l'anticipation. Ce qui frappe tout d'abord, c'est la disparité dans la composition du public : cela va de l'indie-kid de base au bobo quarantenaire, et il y a même quelques très jeunes enfants aux alentours de sept ou huit ans. Rien d'étonnant lorsqu'on considère le succès fulgurant qui a accompagné le single Don't Upset The Rhythm, sans équivoque l'un des plus marquants de l'année 2009.
Soudain les lumières s'abaissent et un sample de musique easy-listening de style James Bondien retentit. Le groupe entre en scène, mais aucun signe de Shingai. Sa voix se met à chanter l'introduction de Wild Young Hearts depuis les coulisses, ce qui renforce le côté dramatique lorsqu'elle fait enfin son apparition, vêtue d'un ensemble brassière-short-cape pailleté, du plus bel effet super-héroïne disco. Elle saisit sa basse, et le public tombe instantanément sous le charme.

En plus d'avoir l'énergie d'une Karen O. et la grâce d'une Kate Jackson, mademoiselle Shoniwa est dotée d'une voix sirupeuse et profonde, qui s'adapte très bien au virage soul que semble avoir pris les Noisettes récemment. Plus question des shows échevelés où tout le monde finissait sur les rotules, place à la pop classieuse aux doux accents sixties. Il y a même deux choristes, qui en plus de dialoguer en harmonie avec Shingai, portent des costumes identiques et font des petites chorégraphies, en total mode Pipettes. C'est donc un groupe totalement différent qui se présente ce soir, enchaînant les tubes disco d'un côté (Don't Give Up, Saturday Night, et bien sûr Don't Upset The Rhythm), et les ballades charmeuses de l'autre (Sometimes, 24 Hours Ago, Cheap Kicks).
Peu importe le tempo du morceau, le batteur se démène sur son instrument comme un forcené. Par moments, Shingai délègue sa basse à un de ses acolytes, ce qui la laisse libre de danser, de mimer les paroles des chansons, de grimper sur les barrières et les amplis, voire de s'allonger langoureusement sur la grosse caisse de la batterie. Never Forget You pourrait très bien figurer au répertoire d'Amy Winehouse ou Duffy, ainsi que Every Now And Then.

Pour Atticus, Shingai apparaît au fond de la salle et chante en tête-à-tête avec des membres du public qui ne s'attendaient pas à la voir de si près. Elle termine la chanson suspendue la tête en bas à une des barrières. Pour le final, un retour dans le temps avec Sister Rosetta, qui figurait sur le premier album What's The Time Mr Wolf, et Shingai présente au public chaque membre du groupe. Pour le rappel, d'abord le prochain single Every Now and Then, et Shingai grimpe sur les épaules d'un roadie qui la transporte à travers la salle, tandis qu'elle chante une reprise de T-Rex, Children Of The Revolution. Le Trabendo est plus qu'enchanté et reprend en chœur le refrain, les bras en l'air. Puis Shingai disparaît sous une pluie de pétales de roses lancée par les choristes.

Les Noisettes ont beau avoir mis de côté leur force brute, le charme opère toujours.
setlist
    Wild Young Hearts
    Don't Upset The Rhythm
    Don't Give Up
    Sometimes
    Saturday Night
    24 Hours Ago
    Cheap Kicks
    So Complicated
    Never Forget You
    Atticus
    Sister Rosetta
    ------
    Every Now And Then
    Children Of The Revolution (T-Rex)
photos du concert
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