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Peter Doherty

Paris, Flèche d'Or - 18 janvier 2010

Live-report par Anne-Line

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« PETE DOHERTY ! EN CONCERT ! À LA FLÈCHE D'OR ! LUNDI SOIR ! »… Conformément à la tradition libertinienne, chaque chose que fait Pete Doherty, trente ans, se doit d'être un événement exclusif. Peu importe qu'il ait déjà fait le coup du concert surprise par le passé (à la Maroquinerie), ou qu'il vienne de remplir un Zénith (il y a trois mois), ce concert à la Flèche d'Or sera, nous assure-t-on, un évènement « IMMANQUABLE ».

Après avoir bâti sa légende en trois bouts de ficelle, blogs et bulletins Myspace au fil des années, Pete Doherty l'entretient aujourd'hui à coups d'events Facebook. Le marketing viral fonctionne à plein régime, il faut croire que le Dohertisme est une maladie contagieuse. La foule immense qui s'agglutine le long de la rue de Bagnolet, et s'étire jusque dans la rue des Pyrénées, en atteste. Sur les coups de 18h, tout est encore calme, les personnes arrivées tôt, assurées d'obtenir leur sésame, se la coulent douce. Ce n'est qu'une fois les portes ouvertes, passé 19h30, que les choses se corsent. Beaucoup de retardataires peu scrupuleux se moquent de la queue et se dirigent directement vers l'entrée, ce qui met le feu aux poudres, et c'est bientôt la foire d'empoigne. Les vigiles, dépassés, ne contrôlent pas grand-chose, si ce n'est les bouteilles d'eau dans les sacs de classe. Les nerfs lâchent, l'hystérie pointe son nez, bientôt le sas d'entrée de la Flèche d'Or n'est plus qu'un champ de bataille. Quoiqu’il en soit, leur coup de pub est réussi. Les centaines de malchanceux laissés sur le carreau n'en diront pas tant. Au fait, on est venus pour quoi déjà ? Ah oui, la musique.

Peter arrive sur scène, en costume trois-pièces et chapeau, avec son habituel air dégingandé et désinvolte. Il semble un peu moins «dans la lune» que d'habitude, ce qui est très bon signe. Et là, tenez-vous bien, il se met à jour de la guitare ! Insensé. Il a apparemment choisi de faire plaisir aux fans de la première heure, ceux qui l'ont connu avant l'époque où il sortait avec vous-savez-qui, car le set sera composé majoritairement de chansons datant des Libertines (Can't Stand Me Now, Time For Heroes, What A Waster) et de Babyshambles (There She Goes, Delivery, Beg Steal or Borrow...), voire même plus anciennes (Bucket Shop, You're My Waterloo). Les regards sont admiratifs. Vous vous rendez compte, il joue juste ! Il chante juste ! Tout d'un coup, les grands problèmes du monde, la crise économique, le chômage, les catastrophes naturelles, plus rien n'a d'importance, Pete Doherty est là.

Il déverse sur les cinq cent personnes les plus chanceuses de Paris le flot de sang de son coeur brisé avec lequel il écrit toutes ses chansons (I Love You But You're Green). Dans ce cadre fraîchement rénové de la Flèche d'Or, qui a d'ailleurs perdu son cadre doré, les quelques privilégiés sont gâtés. Leur idole se tient à quelques centimètres d'eux seulement. Ils lui donnent des cadeaux, des petits mots sur des feuilles d'écolier, des cigarettes. Très disponible, il se penche et signe des autographes, répond aux questions. Il offre les bonbons et le vin rouge qu'on lui avait mis à disposition sur scène, et son manager distribue aussi les bouteilles d'eau venant du backstage, jusqu'à la dernière. Peter est comme ça, il se donne sans compter, quitte à se retrouver sans rien.
En effet, que reste-t-il du jeune garçon, lauréat des concours de poésie, timide fan des Smiths, au milieu de cet ouragan médiatique ? Se plaît-il dans sa position de poule aux oeufs d'or ? Il a l'air content de lui ce soir, joue sans interruption pendant plus d'une heure et demie, et ne se fait pas prier pour jouer encore quelques chansons pour les dernières personnes qui ont pu entrer au milieu du concert. Mais la frontière est mince entre donner un spectacle et se donner en spectacle, entre être la poule aux oeufs d'or et être le dindon de la farce. Combien de personnes présentes ce soir l'étaient pour voir le musicien, et non la vedette de pacotille? Difficile à dire. Lui qui avait fondé son groupe les Libertines dans un esprit altruiste et communautaire, se retrouve à jouer les faire-valoir pour gratte-papiers en manque de sensations.

Au milieu de cette foire aux vanités, tranquille dans l'oeil du cyclone, Peter est là, et chante l'Arcadie.
setlist
    Can't Stand Me Now
    There She Goes (A Little Heartache)
    Delivery
    Beg, Steal Or Borrow
    For Lovers
    Arcady
    Time For Heroes
    Pipey McGraw
    You Talk
    UnBilotitled
    What A Waster
    Baddie's Boogie
    Music When The Lights Go Out
    Bucket Shop
    Salomé
    Sheepskin Tearaway
    What Katie Did
    Fuck Forever
    Albion
    You're Wy Waterloo
    Hooligans On E
    Carry On Up The Morning
    Last Of The English Roses
    New Love Grows On Trees
    I Love You (But You're Green)
photos du concert
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