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Television Personalities

Saint-Ouen, Mains d'oeuvres - 31 janvier 2010

Live-report par Anne-Line

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Quelques semaines après le concert-surprise de Peter Doherty à la Flèche d'Or, ce soir un autre musicien au palmarès aussi culte qu'inconsistant nous fait l'honneur d'une halte parisienne. Le Mo'Fo de Mains d'Œuvres frappe un grand coup pour asseoir son statut de festival indé ultra-pointu en programmant en tête d'affiche Television Personalities.

Malgré une prestation à la Flèche d'Or il y a un an, l'attente du public était grande, et dès leur entrée en scène les cris du cœur fusent depuis la fosse : « Ça fait dix ans que j'attends ça ! ». Ceux qui étaient présents à l'ancienne Gare de Charonne douze mois plus tôt gardent en mémoire le spectacle échevelé qu'avait offert un Dan Treacy d'humeur, disons... facétieuse. Cette fois-ci, le festivaliers en auront pour leur argent : Dan Treacy est sobre comme un moine ! Opérant sans setlist, en roue libre, il n'en reste pas moins concentré et disponible (en tous cas, plus qu'à l'accoutumée !). Le jeu est carré, la voix est posée, l'esprit est clair. Il répond non sans humour aux nombreuses provocations des membres du public qui se démènent pour attirer son attention.
Si la Flèche d'Or en avaie laissé beaucoup dubitatifs, ce soir les Television Personalities font plaisir à voir. Oui, dans un moment comme celui-ci, on comprend pourquoi ils ont acquis ce statut aussi influent : ils incarnent tout ce qu'un groupe indé anglais devrait être. C'est mélodieux et bancal, c'est touchant et provocant, pro et je-m'en-foutiste, joyeux et lugubre, carré et foutraque, élégant et gouailleur, entraînant et langoureux. C'est cool et ringard, c'est tout et son contraire, c'est tout à la fois, et c'est très bien comme ça.

On ne peut s'empêcher de penser qu'être dans un groupe avec Dan Treacy doit être une sorte de sacerdoce. On ne sait jamais trop où il est, s'il va venir, s'il sera « en forme » ou pas... Quoiqu'il en soi, le line-up recomposé de ce soir, constitué de TexasBob Juarez à la guitare, Arnau Obiols à la batterie et de Mike Stone à la basse, est consciencieux et infaillible. Ils sont l'anti-thèse totale de Dan, et son complément parfait, pas uniquement là pour jouer les roues de secours. D'habitude, la désinvolture punk prend le pas sur la rigueur pop, mais ce soir l'équilibre est atteint, ça valait la peine d'attendre, et le déplacement jusqu'à Saint-Ouen.