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Jamie T

Paris, Divan Du Monde - 18 février 2010

Live-report par Laurie

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Jeudi dernier, le Divan du Monde accueillait The Streets, The Specials et les Clash... réunis en la personne de Jamie T. Chronique d'un rappeur chez les punks aussi dépravé que majestueux.

Le petit théâtre de Pigalle est bondé en ce milieu de semaine. Branchitude parisienne et bobo égarés des Batignolles s'impatientent en attendant l'imminente prestation de Jamie Treays, cuvée 86, deux albums au compteur, considéré comme l'inventeur et le concepteur de pièces uniques de « hip-rock » gouailleur. Jamie T., c'est une sorte de Mike Skinner éméché, shooté à la colle, lisant du Beaudelaire en garde à vue. Une sorte de prototype de ce qu'aurait pu être Lily Allen si elle n'avait pas troqué son « je m'en foutisme » et sa fraîcheur contre un sac Chanel... Rock, hip-hop, soul, folk : impossible de classer Jamie T. mis à part dans la case du fauteur de trouble virtuose.

Lorsque ses musiciens débarquent sur la petite scène, soudain c'est l'effervescence. Il arrive, chancelant, sourire aux lèvres et entonne les premiers vers de The Man's Machine. Jamie harangue la foule et remue frénétiquement son bras pour accompagner ses musiciens. La salle se fait timide à la fin du morceau. Le couple sulfureux Ike And Tina fait pourtant son maximum pour faire démarrer la machine, en vain. Jamie T. prend des nouvelles de son public et demande à Paris de donner de la voix. Après Salvador, Jamie T. choisit une solution radicale : il décide de descendre au milieu de la foule, équipé d'une caméra, demandant à chacun de remuer en rythme. Une jeune fille se faufile jusqu'à lui. Jamie passe son bras autour d'elle et lui demande son nom. Prénommée Jennifer, la demoiselle n'aura pas le temps d'ajouter quelque mots, le chanteur hurlant bientôt son nom, toutes voyelles triplées, exigeant de chacun de faire « du bruit » pour elle. Et c'est ainsi que Jamie, noyé et perdu dans une foule ragaillardie entonnera 368 dans un magnifique foutoir de bras levés et de cris viriles reprenant le refrain à l'unisson.

Remonté sur scène, Jamie empoigne une bouteille d'alcool blanc (de la vodka vraisemblablement) et en avale une bonne gorgée, essuyant sa bouche sur son blouson de jean. Quand on vous dit que ce garçon est un punk... Passage ensuite par le premier album, Panic Prevention avec consécutivement le rockabilly de Back in The Game, puis Operation devant un parterre endormi. Jamie préfère encore boire une gorgée de la fameuse bouteille qui passe de musicien en musicien ou à former un jeune couple au premier rang, que s'égosiller à réveiller la fosse... L'épique Earth Wind & Fire remporte quelques hochements de tête tout comme If You Got The Money et ses airs reggae.
Jamie T et les siens s'éclipsent un court instant laissant une salle confiante qui ne semble pas faire le moindre effort pour ramener l'artiste sur scène. Exaspéré, Jamie hurle depuis les coulisses « Paris, c'est pathétique ! ». Evidemment la salle réplique et essaie d'encourager l'homme à revenir. C'est chose faite, avec un rappel de plusieurs titres parmi lesquels Chaka Demus et le fameux single Sticks 'N' Stones du dernier opus, Kings and Queens.

Une prestation survoltée, déchainée et folle... côté scène seulement.