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Django Django
Spectrum

Paris, Point Éphémère - 26 mars 2010

Live-report par Hybu

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Honte sur moi : avant ce concert je ne connaissais pas réellement Spacemen 3... et cela n'a pas changé. Certains me diront certainement que ce groupe fait partie des indispensables de tout bon chroniqueur musical. C'est la raison pour laquelle j'en prend fait et note et me jure de rattraper mon ignorance le plus rapidement possible. En attendant, la venue à Paris de Spectrum était une petite occasion de me familiariser avec l'un des groupes issus de la bande d'homme de l'espace, dont le leader n'est pas vraiment redescendu sur la planète Terre.

Mais avant de s'envoyer en l'air, Django Django sont certainement plus terre à terre, et ce bien que leur pop moderniste, imprégnée de sons sixties et de vapeurs psychédéliques, n'est pas loin d'être perchée elle aussi. Ces boucles de synthés vous hypnotisent et c'est avec surprise qu'une voix et une guitare se posent avec une aisance déconcertante sur ce fond âpre et presque harassant. Pas nécessairement le groupe le plus sexy de l'année, en témoigne la superbe chemise hawaïenne du claviériste, Django Django manque peut être d'une touche de charisme pourtant comblée par une musique mouvementée et originale ne laissant d'ailleurs pas le public du Point Éphémère insensible, lequel applaudit chaque fois un peu plus fort. Une première réussie à Paris après les Transmusicales de l'hiver dernier.

Mais c'est vraiment Spectrum qui va lancer le Point Éphémère sur la Lune. Le début est malgré tout irritant, Sonic Boom passant six à sept minutes à se placer entre chaque morceau : la justesse par ci, la programmation de la boucle d'effets par là, le flanger, le clavier, l'ampli tout le matériel y passe, et conformément à sa réputation en communiquant très peu, ce garçon est d'une austérité rare (timidité maladive ?). D'ailleurs, avec un guitariste et un bassiste le regardant fixement, bougeant à peine le corps, le groupe est particulièrement statique. Mais tout cela rajoute à l'ambiance quasi apocalyptique qui règne dans la salle. Peu de lumières, des vagues de sons psychés flirtant avec le drone, et des morceaux peu mélodiques s'étirant sur six, sept ou huit minutes finissent pour nous hypnotiser et nous emporter jusqu'à ce final interminable durant lequel nos repères temporels sont perdus, comme égarés dans les catacombes parisiennes : le manque d'éclairage, cette musique abstraite et les stroboscopes trompent notre horloge interne.

Spectrum n'est certainement pas un groupe paisible, tonitruant ou immédiat. Mais c'est justement là ce qui fait tout son charme, arriver à nous déboussoler, à nous faire oublier ce monde qui va trop vite, et nous faire tourner sur une orbite plus lointaine, là ou les jours durent cinq fois plus longtemps que les nôtres.