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Speech Debelle

Paris, Maroquinerie - 13 avril 2010

Live-report par Laurie

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>Celle qu'on définit sobrement comme le meilleur espoir du hip hop britannique, Speech Debelle, était de passage mardi dernier à Paris afin de défendre sa réputation et son premier opus sorti il y a presque un an maintenant. Une prestation réussie qui place la gagnante du Mercury Prize 2009 entre Lauryn Hill et Miss Dynamite, au Panthéon du hip hop féminin qui en a.

Qu'on se le dise, le Royaume-Uni est un vivier pour tout fan de musique. Et ce n'est surement pas sur Sound of Violence qu'on osera prétendre le contraire. Des Kinks au Arctic Monkeys, en passant par Fatboy Slim ou Jamie T, on continue à se demander à quoi carburent les bébés britanniques pour arriver à sortir vingt ans plus tard nombres de disques pop, electro ou hip hop parfaits, tous dignes de la discothèque idéale. Ce soir, la Maroquinerie attend l'attachante Speech Debelle. Petit bout de femme, « from London », qui « s'est faite toute seule » selon les puristes. Dans la salle, pendant l'attente, Caroline, brunette sympathique, sorte de Louise Brooks trashouille, nous raconte que Speech Debelle est l'une des rares rappeuses qu'elle apprécie : « sa musique est étonnante, sa voix fait passer quelque chose, une mélancolie. Elle travaille sur son futur album en ce moment. Elle va tout faire péter à coup de cuivre et de basse, façon The Roots. Elle a un potentiel à la Princesse Superstar ou à la Lauryn Hill. Cette fille ira très loin ».

Speech Debelle, repérée par Big Dada a créé la sensation voici un an avec un premier album, Speech Therapy, au carrefour du rap, du jazz et de la soul. Ce soir, c'est ce métissage et cette rencontre des styles que le public est venu chercher. Lorsqu'elle arrive accompagnée sobrement de trois musiciens, veste en cuir et lunettes vissées sur le nez, la salle danse aux premiers accords de Go Then Bye et l'on aperçoit les têtes qui bougent frénétiquement. Sans manières ni allures de diva, Speech Debelle déverse ses paroles avec facilité et flegme, ralliant toute la salle à sa cause. Le public insiste sur le refrain du morceau et laisse quelques bras trainer en l'air. Searching, le titre qui ouvre son album fait éclater les accords de guitare sèche tandis que The Key, son premier single fait jubiler le public qui se trémousse inlassablement.

Rejointe ensuite par un compère qui lui donne la réplique, le concert monte en pression. La guitare sèche laisse place à un modèle électrique, qui apporte un son rock et heavy aux compositions de la belle londonienne. Bad Boy et son refrain révolté, entre guitare énervée et voix puissante, surprend et dénote avec la version initiale de l'album chargée de cordes et de violons aériens. Speech Debelle questionne le public et demande s'il y a des « Buddy love » dans la foule pour introduire son fameux titre... Chargé de mélancolie et ponctué d'optimisme, il était normal que ce set épatant se termine par Finish This Album ; titre présenté en écoute au label Big Dada avant que celui-ci ne signe l'artiste, où elle raconte son parcours laborieux pour accéder au succès.

Gracieuse, charismatique et bluffante, Speech Debelle aiguise l'appétit des fans et fait d'ores et déjà miroiter pour les mois qui arrivent, un second album à la hauteur de SpeechTherapy.