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Wallis Bird

Paris, Nouveau Casino - 27 mai 2010

Live-report par Julien Soullière

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Rendez-vous mensuel du Nouveau Casino de Paris, les soirées Custom proposent de faire (re)découvrir en live les groupes, songwriters et autres artistes qui, doucement, sortent la tête de la mare musicale ; ces petites sensations vouées, on l’espère bien souvent, à en devenir de grandes. Soucieuse d’éclectisme, chaque édition se veut dépaysante, un voyage au gré des sonorités et des continents : l’espace d’un soir, les concerts se suivent et ne se ressemblent pour ainsi dire pas. Pas toujours pour les meilleures raisons, soit.

C’est la deuxième soirée Custom à laquelle je participe; au passage, je garde un très bon souvenir de la première, ce qui paraît suffire à expliquer ma rechute. Comme d’habitude, je suis en retard. Comme d’habitude, à peine arrivé, je me retrouve avec un nombre incalculable de flyers entre les mains. Par chance, il n’y a pas foule devant les portes de la salle, et je peux donc me ruer à l’intérieur très rapidement. A peine quelques individus, au bar ou attablés le long du mur face à celui-ci. Pour autant, si on est bien loin de l’affluence des grands soirs, il y a malgré tout suffisamment de monde lorsque s’éteignent les lumières pour ne pas donner l’impression aux français d'Eldia d’être encore en répétition.

Juste le temps de saluer le public que les parisiens démarrent, sourire aux lèvres, un set nerveux et entrainant. La plupart des morceaux, parfaitement calibrés, n’auront à-priori aucun mal à se trouver un créneau sur le réseau FM (écoutez le titre Favorite Murderer pour vous en convaincre). Ce qui, j’insiste là-dessus, n’a rien de péjoratif.
Poussée par la belle énergie déployée sur scène, la maigre assistance se laisse ainsi prendre au jeu, et, charmée par la sympathie qu’inspire le groupe, encourage chaudement une demi-heure durant. Face à ce public réceptif, mais néanmoins trop clairsemé à son goût, le chanteur n’hésite pourtant pas à lancer un appel aux troupes en fin de set : tout le monde est invité à se rapprocher de la scène alors que va être joué le dernier titre de la soirée. La prestation terminée, on se dit que c’est une belle mise en jambes qui nous a été proposée par Eldia, et c’est satisfait de ce qu’il a vu, que le public attend l’arrivée de Wallis Bird.

Aussi étrange que cela puisse paraître de prime abord, l’arrivée sur scène de la jeune irlandaise m’a replongé en enfance. La série ayant été rediffusée plusieurs fois depuis sa première apparition à la télévision française en 1982 (dans l’émission Récré A2 plus exactement), j’imagine que nombreux sont celles et ceux à qui « Les Aventures de Tom Sawyer » évoquent un petit quelque chose. Allez, faites un effort… ou, à défaut, un tour sur Internet. Ah, ça y est, j’en entends fredonner le générique. Et bien, voyez-vous, Wallis Bird, avec sa chemise brunâtre, sa coupe à la garçonne agrémentée de froufrous apaches, sa salopette de travailleur de la terre et sa démarche de bonhomme, fleure bon le Mississippi.
C’est le pas pressé et la mine joyeuse que le petit bout de femme qu’elle est arrive au micro, guitare en bandoulière, pour nous annoncer la couleur : ce soir, le public va chanter avec elle. Un coup à mordre la poussière, jeune fille. Oui mais voilà, Wallis Bird impressionne. Entourés de musiciens plutôt statiques, l’irlandaise détonne : une vrai boule d’énergie, qui joue de la guitare avec une vigueur rare et ô combien masculine. Ce qui, au passage, coûtera la vie à quelques cordes et enverra au charbon un de ses acolytes, préposé à la réparation express.
Titre après titre, la chanteuse gagne en sympathie et les faveurs d’un public qui, comme elle le prédisait une poignée de minutes auparavant, finira par pousser la chansonnette. Une très bonne surprise donc que ce concert, tout juste entaché par les discussions pesantes de certains membres du public, qui, pour leur confort et le notre, auraient surement été plus à leur aise dans n’importe quel bar du coin. Dur d’apprécier pleinement les moments acoustiques dans ces moments là… Il est déjà temps pour Wallis Bird de faire ses adieux; le set de ce soir se finit avec le très bon To My Bones sous des applaudissements grandement mérités. Un très grand moment.

Il est un peu plus de 22h quand arrive sur scène le dernier groupe de la soirée. Venus tout droit de Philadelphie, les Dr. Dog sont la tête d’affiche du soir. Comprenez par là qu’ils ont un temps de jeu plus long et qu’ils bénéficient d’une plus grande popularité que leurs prédécesseurs. Un bonnet afro, une paire de Wayfarer blanches, des bandes fluorescentes (du meilleur goût) accolées sur les instruments… autant d’indices qui laissaient présager de la diversité des influences du quintet américain.
Influences qui seront bien présentes tout au long des compositions proposées par le groupe ce soir. Les titres, qu’ils soient ponctués de chœurs façon Beach Boys, parsemés de relents ska ou mâtinés de rock psychédélique, sont complexes et parfaitement exécutés. Pour ce qui est du contact avec le public par contre, on repassera. Pour autant, ce dernier est réceptif et le sera jusqu’au bout; il faut dire que la présence de fans hardcores plutôt motivés aide beaucoup. Pour ma part, si je ne remets pas en cause les qualités techniques du groupe, ni même celle de ses morceaux, je dois avouer que je n’ai pas été franchement « emporté » par sa prestation. Un set d’une heure tout juste m'ayant paradoxalement paru trop tiré en longueur. Ça arrive. Au passage, mention spéciale à la voix du bassiste, celle-ci se rapprochant furieusement de celle d’un certain Caleb « Kings of Leon » Followill.

Il est l’heure de partir, direction la station de métro la plus proche. Cette nouvelle soirée Custom a une fois encore été à la hauteur de ce que j’en attendais. Le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la prochaine, d’autant plus que celle-ci sera une spéciale Domino Records (label de The Kills, Arctic Monkeys, Franz Ferdinand...). Nice.