Ah, les Zombies... S'il y avait une justice dans ce monde, ils seraient au moins aussi connus que les Kinks. Mais au fond, heureusement que le destin est injuste. Sinon nous ne serions pas au Trabendo ce soir pour les voir, mais dans une salle beaucoup moins intime. Nous sommes ici entre connaisseurs, entre initiés, entre amis, ayant encore en mémoire le souvenir ému de la performance au festival Mo'Fo 2009, il y a un an et demi déjà.
Lorsque Colin Blunstone et Rod Argent font leur entrée en scène, ils sont accueillis à la fois avec respect et avec camaraderie. Ils sont là, à quelques centimètres, non pas pour faire montre d'un talent insolent, mais pour partager avec nous ces chansons pour lesquelles ils ont autant d'affection que pour des enfants. Le plaisir qu'ils ont d'être là est palpable, et ils commencent leur set par de toutes nouvelles compositions, en annonçant un nouvel album en préparation ! Nous avons donc droit à la primeur de Let It Go et de
Sanctuary, à l'état de démos ,par Argent aux claviers et Blunstone au
chant. Autant le dire de suite, Blunstone n'a encore rien perdu de sa voix cristalline, ni Argent de sa dextérité, et encore moins de son génie mélodique. Ils enchaînent sur The Way I Feel Inside, avant de faire entrer le reste du groupe : Jim Rodford (bassiste d'Argent et des Kinks), son fils Steve Rodford à la batterie, et le guitariste Tim Toomey.
Rodford passe la moitié du temps à chanter les paroles des chansons (bien qu'il ne dispose pas de micro), visiblement ravi d'être là. Son fils Steve tape ses fûts avec une énergie surprenante, ce qui donne un petit coup de jeune aux classiques tels que I Love You ou encore I Want Her She Wants Me. L'osmose est complète entre les membres de ce line-up, et tout se déroule dans une atmosphère sereine et pleine de tendresse. Naturellement, ce sont les morceaux extraits de l'album Odessey And Oracle qui déclenchent le plus d'applaudissements et de cris de joie dans le public (Care Of Cell 44, A Rose For Emily, This Will Be Our Year), mais les nouveaux morceaux ne déparent en rien à leur côté. Argent joue au chef de cérémonie en présentant la
plupart des chansons, en annonçant même plusieurs morceaux à l'avance, et fait le cabotin avec ses solos de claviers en y insérant des clins d'œil comme des bouts de la Marseillaise ou de la Toccata En Ré de Bach.
Le temps passe beaucoup trop vite, et arrivé à la fin du set, le public en redemande par deux fois, et aurait pu continuer encore longtemps s'il n'y avait pas eu ce satané couvre-feu. C'est à regrets que l'on voit la scène se vider et à reculons que l'on quitte la salle, non sans avoir acquis au passage au stand de merchandising le DVD des magnifiques concerts donnés au Shepherd's Bush Empire en 2008 en guise de souvenir. Ce concert-ci n'avait peut-être pas de section de cordes de quarante musiciens mais nous a tout de même offert des
moments parmi les plus émouvants de cette saison 2010.