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King Charles

Paris, Nouveau Casino - 3 septembre 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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King Charles est la nouvelle signature de MI7, le label ayant lancé Charlie Winston en France. Charles a reçu une éducation musicale classique, jouant du violoncelle et chantant dans la chorale de son école, d’où une entrée sur scène remarquée ce soir, musique classique à plein volume en fond et attitude nonchalante de pré-star, bien mise en avant. Après son single accrocheur Love Lust/Mr Flick attestant de sa maturité et de son talent, King Charles annonce la sortie du single Time Of Eternity, un morceau au refrain entêtant. Ce titre pop mélodieux et explosif se situe au croisement entre Prince et Syd Barrett.

Annoncé initialement à 20h30 pour cause de privatisation du Nouveau Casino par une agence de communication, King Charles aurait pu ne pas jouer du tout ce soir ! Venu en mini van d’Angleterre avec son groupe puis tombé en panne d’essence sur la route, 12h lui ont été nécessaire pour faire le trajet ! Il est donc 21h30 lorsque King Charles fait son entrée princière, portant très gros et très haut le chignon, telle une geisha perdue dans Carnaby street !
Veste à épaulettes et à imprimé fleuri sur pantalon bouffant, nous sommes bien à Paris assistant au concert d’un artiste « up to date », assumant un look très hype, façon Kid Créole and the Coconuts en 1985... C’est-à-dire tout ce que les années 80 ont produit de plus de plus affreux en terme de style vestimentaire ! Mais après tout, nous ne sommes pas au salon du prêt à porter ; peut-être à celui de prêt à écouter ?

Ça démarre souvent bien, King Charles n’ayant pas pris que l’attitude et le physique de Prince en 1990 mais aussi un peu de son style musical. Malheureusement, le fourre-tout artistique qu’expose chaque morceau devient souvent brouillon et parfois indigeste à écouter... Vocalises d’opérettes et guitares métal et pop ne font pas souvent bon ménage. À vrai dire, c’est sûrement un précédent musical auquel il faudra peut-être s’habituer à l’avenir ! Le seul problème étant de savoir de quelle planète et de quelle siècle pourra bien débarquer son public avec un mélange pareil ?
Question arrangements plus ou moins mélodieux « avant gardistes », ils se posent bien là, mais faut il pour autant y entendre quelque chose d’intéressant ? Oui, sur la reprise de Billy Joel, We Didn’t Start The Fire, tube politico revendicatif des années 80 ; l’intelligence marketing du groupe étant alors portée aux nues, en accord avec le style vestimentaire de Charles, décidemment à l’opposé du rock tel qu’on l’imagine.
On sent l’influence de Queen sur certaines vocalises « Mercurisante » et le goût du mauvais goût pour être dans le coup… Mais, faisant confiance à l’inventivité de leur prestation musicale, on peut facilement se laisser aller à se dire qu’on est peut-être devenu has been et que la génération de la série Skins va adorer, comme nous avons adoré la techno, encaissant les quolibets les plus féroces de nos aînés, contemporains des Sex Pistols et du Clash, et qui ne voyaient là que des robots se dandinant avec force sur des beats binaires, les yeux révulsés et le cerveau quelque part sur l’île d’Ibiza !

Pour ces innovations mélodiques, difficile à transcrire en live, il faut le reconnaître, admettons que cette critique n’était pas tout à fait neutre ! Plusieurs jours après le concert, réécoutant Time Of Eternity dans sa version studio, un brin moins confuse que sur scène, je me surprends à reprendre le refrain avec un plaisir qui ne me trompe que rarement ; King Charles, ce n’est pas ma tasse de thé, mais il a toute tracée, la route vers un certain succès.