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Summer Camp

Paris, Point Éphémère - 14 septembre 2010

Live-report par Amandine

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Rentrée culturelle au Point Éphémère avec la cinquième édition de la Soirée Bim Bam Boom. Initiée l'an dernier par la trendy revue Magic, ce concept trimestriel se veut de faire découvrir au public un premier groupe français et deux autres formations, le tout emmené par un fil conducteur : la pop. Ce soir, les français de Leopold Skin ouvriront le bal, suivis des Canadiens de Evening Hymns (tous deux distribués par le label Kütü Folk records); ce sont les anglais de Summer Camp qui clôtureront cette édition de rentrée.

C'est en formation réduite que se présente Leopold Skin; en effet, Damien Fahnauer est seul avec sa guitare et le set promet d'être intimiste et acoustique. Le jeune Clermontois explique que ses comparses n'ont pas fait le déplacement, faute de moyens. Il nous délivre donc les compositions de son premier album, Leopold Skin & The Blue House Dandelions et de nouvelles, issues de I See Mountains, à paraître en octobre prochain. Il chante, de sa voix nasillarde, les montagnes et les campagnes canadiennes où il est allé se ressourcer durant une année. Sa musique folk a des accents d'americana, tantôt d'Herman Düne, tantôt de M. Ward. On aimerait se laisser prendre par la main pour voyager à ses côtés tandis qu'il nous murmure son périple mais on ne se laisse pas entièrement convaincre. Sa timidité est touchante mais les trente minutes que durera sa prestation finiront par avoir raison des spectateurs. La monotonie des créations couplée à un manque d'orchestration videront les compositions studio de leur essence. On aurait aimé retrouver la cithare, l'harmonica, les chœurs. Première partie de soirée que l'on espère « apéritive » : une gentille petite mise en bouche en attendant ce qui rassasiera notre appétit musical insatiable.

Juste le temps de prendre l'air et de profiter du soleil couchant sur le canal Saint-Martin et voilà que déboulent sur scène Evening Hymns dans une entrée en matière très post-rock qui dénote de l'ambiance prétendument pop de cette soirée. Derrière ce groupe se cache le talentueux Jonas Bonnetta, un canadien d'une trentaine d'années, aujourd'hui accompagné d'une frêle bassiste. Les curieux se font plus nombreux et attentifs. Evening Hymns a un don certain pour l'écriture, les longs road trips chers à la folk, les voyages tumultueux sous la pluie et la tempête, comme on le constate à l'écoute de Spirit Guides; cependant, ce soir, il manque la chaleur instrumentale des versions studio. Jonas bidouille son ordinateur et use de l'oversampling pour tenter de recréer l'atmosphère féérique de ses disques mais il a du mal à restituer l'intimité et le lyrisme qui lui sont propres. Ses compositions restent tout de même menées de main de maître. Il nous raconte la campagne et la nature canadienne de sa voix suave mais le set est malheureusement trop court pour que l'on puisse être totalement entraînés dans ses contrées lointaines. Il nous gratifiera tout de même d'un finale majestueux qui laissera aux spectateurs l'envie d'aller écouter ses albums.

Vient enfin le tour des londoniens de Summer Camp qui nous glissent littéralement dans une ambiance kitsch des années 80 : combinaison à fleurs pour la chanteuse Elizabeth Sankey, tee-shirt avec un drapeau américain pour le guitariste/clavieriste/chanteur Jeremy Warmsley, le tout sur un visuel de diapos de fêtes de famille. Très vite, les deux jeunes gens prennent possession du lieu : ils prouvent qu'il n'est pas nécessaire d'être nombreux pour occuper l'espace sonore et scénique. Personne n'a besoin de se forcer pour adhérer à la pop fraîche et acidulée qu'ils composent. Ils sont sympathiques, souriants, essaient tant bien que mal de créer une interaction avec le public en leur proposant des mélodies certes minimalistes mais diablement efficaces. On sent enfin une adhésion totale de l'assemblée qui danse et dandine de la tête. Ils ne joueront qu'une huitaine de titres, soulignant qu'ils ne pourront pas faire plus puisqu'ils n'ont pas d'autres compositions (ils n'ont sorti pour le moment qu'un mini album). Un goût de trop peu, mais ce moment aura permis à tous de ressortir avec le sourire et de sentir une impatience d'en entendre plus de la part de ce groupe sorti de nulle part et quasiment inconnu.

Cette soirée Bim Bam Boom n'aura finalement pas été très « pop » mais plutôt axée sur la folk et l'americana. Les formations réduites nous font nous demander si Magic n'a pas un peu lésiné sur les moyens. Du bon et du moins bon lors de ces concerts, mais une fois encore, le Point Éphémère aura privilégié la découverte musicale ,et c'est ce qui fait le charme du lieu.