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Man Like Me

Paris, Flèche d'Or - 21 octobre 2010

Live-report par Amandine

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Ce soir, les hostilités débutent avec un groupe français, Music Is Not Fun.

Les lyonnais revendiquent sans cesse qu’ils ne sont pas nés du bon côté de la Manche mais c’est pourtant en français qu’ils débutent leur set avec le titre MINF, qui, pour faire court, se résume à une mélodie à la Placebo et au chant, d’une voix nasillarde, les initiales du groupe scandées, entrecoupées de temps en temps de paroles inintelligibles en français (on mettra ça sur le fait d’un son brouillon et de mauvaises balances).
Ça commence donc dans un grincement de dents et ça n’ira pas en s’arrangeant. Musicalement, sans surprendre, les mélodies sont plutôt agréables ; le son vient nous rappeler Franz Ferdinand mais les paroles sont toutes plus stupides les unes que les autres, et lorsque c’est dans la langue de Baudelaire, il est difficile d’en faire abstraction. Je lance à un ami présent qu’il y a un petit quelque chose des BB Brunes... et pour cause : ils ont assuré leurs premières parties lors de la tournée de ces derniers.
Le premier EP de Music Is Not Fun, British Rendez-vous ne comportait que des titres en anglais, histoire de faire honneur à la musique qui a bercé leur enfance. L’un d’eux Do You Love My Shoes a ainsi été utilisé pour la campagne de publicité d’une célèbre marque de sport au logo bleu et blanc. On peut se demander si, ce soir, on n’a pas manqué de chance, car le groupe est là pour promouvoir son second EP, Rendez-vous Français, lequel, comme son nom l’indique, ne comporte que des paroles en français. Je suis peut-être trop âgée pour ce genre de musique mais ce live m'aura laissé totalement hermétique.

On change d’ambiance et de style pour le plus anglo-saxon des duos français : Bosco. Point commun avec la formation précédente : ce sont leurs producteurs. En effet, le duo electro-rock français formé il y a plus de dix ans avait, depuis quelques années, délaissé le live au profit d’autres projets comme la réalisation des musiques des publicités Apple ou la production de groupes. A l’annonce de la sortie imminente d’un quatrième album, Bosco ressort les synthés, boîtes à rythmes, claviers et ordinateurs le temps de quelques concerts.
Cet electro-rock très « french touch » vient se placer dans la lignée des New-yorkais de Radio 4 ou des très talentueux Dead Rock Machine. C’est entraînant et efficace, souvent bien pensé dans la construction Néanmoins, le public reste frileux, malgré un batteur haranguant la foule à tout-va. Ce qui dérange peut-être le plus, c’est le manque de cohésion avec le premier groupe. On aurait plus aisément imaginé Bosco en fin de soirée avec leur electro dancefloor. Quelques longueurs et répétitions auront raison de notre motivation et nous terminerons au bar, écoutant d’une oreille distraite en sirotant un verre de vin.

C’est donc vers 23h que les Man Like Me font leur apparition. Catalogués « trio electro hip-hop », ils se révèlent rapidement bien loin de cette étiquette. Visuellement, il faut s’imaginer un groupe entre les Talking Heads pour les costumes 80s de couleurs criardes et un déjanté digne d’un happening d’art contemporain pour le chanteur qui arrive... enveloppé dans du film alimentaire ; s'ensuivent petites chorégraphies décalées et striptease en bonne et due forme.
Musicalement, ça part dans tous les sens. Les londoniens sortis de Camden Town nous offrent toute la richesse de leurs origines : les cuivres et le chant très ska, les rythmes caribéens, le hip-hop. Le chanteur, de son bel accent cockney, délivre des messages engagés sur l’alcool et l’immobilisme du gouvernement anglais, sur les réseaux sociaux sur internet qui réduisent les rapports entre les personnes. Sur scène, leur musique est très différente des enregistrements studio et le ska prend à mon goût beaucoup trop le dessus, probablement à cause de la présence des cuivres. London Town, qui fait apparemment un carton dans les clubs londoniens, saura tout de même mettre tout le monde d’accord.

Bien étrange soirée que celle que nous proposait ce soir la Flèche d’or. Passer par des paysages musicaux aussi différents n’est peut-être pas très judicieux lorsque l’on ratisse trop large.