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Ray Davies

Paris, Olympia - 31 octobre 2010

Live-report par Amandine

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Il existe quelques légendes de la musique que l'on rêve secrètement de voir sur scène reprendre leurs vieux titres; ce soir, l'Olympia accueillait Ray Davies pour satisfaire à nos envies. Quarante-six ans après le premier album des Kinks, c'est un septuagénaire bouillonnant d'énergie qui va nous livrer l'un des rares concerts de sa tournée.

Mais tout d'abord, place à Donoré pour une première partie qui semblera bien longue : le jeune français délivre une dizaine de titres évoquant les relations amoureuses. C'est simplement accompagné de sa guitare acoustique qu'il tente, pendant une quarantaine de minutes, de s'attirer les faveurs d'un public de plus en plus impatient.

L'entracte fait prendre conscience à quel point cette soirée est spéciale : la salle de l'Olympia confère au moment une dimension feutrée. Le public n'est pas celui qu'on a l'habitude de voir écumer les salles de concerts; ce sont plutôt des parents d'une cinquantaine d'années accompagnés de leurs enfants qui, comme moi, n'ont connu les Kinks qu'a postériori. Quand Ray Davies arrive sur scène aux alentours de 20h, l'auditoire est au bord de l'hystérie. La première partie du concert sera acoustique. L'ex leader des Kinks est frappant de dynamisme et de bonne humeur; il est souriant, fait chanter les spectateurs qui s'en donnent à cœur joie. Quatre ans après la sortie de son premier véritable album solo, on peut penser qu'il vient promouvoir See My Friends (album de reprises de vieux titres des Kinks en collaboration avec des musiciens tels que Mumford & Sons, Bruce Springsteen, Metallica ou encore Frank Black) mais il ne l'évoque pourtant qu'à une seule reprise. Il semble heureux de revenir à Paris, ville où il n'avait pas joué depuis de nombreuses années.

Dès les premières minutes, il nous propose des tubes des Kinks tels que Dedicated Follower Of Fashion ou encore See My Friends qu'il entonne d'une voix fragile qui vient nous rappeler les années passées depuis la sortie de ce titre en 1965. Dead End Street marque la fin de cette première partie acoustique. Ray est rejoint par le reste du groupe (claviériste, batteur et bassiste) et le son prend alors une toute autre ampleur. Après l'intimité, place au rock parfois teigneux qui rappelle le premier album éponyme des Kinks, tantôt rythm'n blues ou folk américaine sur des titres réarrangés de façon subtile pour nous faire redécouvrir le songwriting si particulier de Ray Davies : un sens aigu de l'observation pour ainsi poser ses critiques de la société (Sunny Afternoon, Dedicated Follower Of Fashion).
Les musiciens ont l'air heureux d'être sur scène, ils plaisantent entre eux et tout cela ne fait que renforcer le sentiment de plaisir des spectateurs. Vietnam Cowboys (l'une des rares chansons du répertoire solo de Ray Davies) restera comme un moment fort de cette soirée : cette critique acerbe de la position américaine pendant la guerre du Vietnam nous ramène à l'époque de Woodstock et le groupe décide de terminer le morceau par une reprise du célèbre Apache des Shadows.

L'intensité vient nous rappeler que la fin est proche. C'est alors que Ray Davies commence à nous raconter l'histoire de sa jeunesse, de son désir de devenir musicien dans un groupe de ryhtm'n blues... il parle de son frère Dave (également membre des Kinks) et on comprend alors qu'il nous conte la naissance de You Really Got Me. Personne dans l'assemblée n'avait besoin de cet énorme tube pour être conquis mais il vient en « remettre une couche ». L'ambiance est électrique, le public hurle et cet hymne vient marquer la fin d'un set tonitruant. Les rappels seront à la hauteur de nos espérances avec Lola, 'Til The End Of The Day ou encore All Day And All Of The Night.

Le décor et l'ambiance de ce soir étaient dignes des images d'archives des concerts des Kinks dans les années 60 et 70 : une ambiance théâtrale, des filles hurlant, un Ray Davies humble, souriant et tentant sans cesse d'établir une connexion avec un public qui, il faut l'avouer, était tout de même plus âgé qu'à l'époque. Les réarrangements intéressants auront su mettre en avant ses influences musicales tout droit sorties du fin-fond de l'Amérique (avec Dylan en première ligne). Deux heures de pur bonheur.
setlist
    This Is Where I Belong
    I Need You
    Autumn Almanac
    Next Door Neighbour
    Dedicated Follower Of Fashion
    Apeman
    See My Friends
    Dead End Street
    I'm Not Like Everybody Else
    After The Fall
    Sunny Afternoon
    Celluloid Heroes
    The Tourist
    Nothin' Can't Stop Me Worryin' About That Girl
    Too Much On My Mind
    Alcohol
    Moments
    Vietnam Cowboys
    You Really Got Me
    --
    'Til The End Of The Day
    Lola
    --
    Victoria / 20th Century Man
    All Day And All Of The Night
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