Pour ouvrir les hostilités, Free Energy a la lourde tâche de captiver les déjà nombreux spectateurs devant la scène pendant que d'autres en profitent pour aller déjà se rafraîchir au bar avant qu'une autre cohue d'assoiffés ne les devancent dans leur activité. Les jeunes américains originaires du Minnesota s'en sortent haut la main, faisant des mots liberté et énergie de leur nom de scène l'illustration parfaite de leur show parisien : ça joue fort, ça joue électrique, et ça balance des couplets accrocheurs et des refrains tapageurs, qui viennent se loger directement dans nos corps tout émoustillés par ce début de soirée déjà bien agitée.
La musique des autres américains du soir, Surfer Blood, made in Floride cette fois-i, ne fait ensuite que renforcer l'ambiance électrique de la Cigale : leur rage délicieusement juvénile et l'ardeur qu'il mettent à interpréter leurs compositions bigarrées et épiques ont permis d'en prendre plein les yeux ; le public de la fosse, n'y est pas d'ailleurs pas indifférent au vu de ses gesticulations emportées. Chez le groupe, on apprécie la teneur des guitares ensevelies dans un drap d'électricité et de reverbs, le chant lâché et immédiat; bref, ce rock moderne qui s'avèrera salvateur pour toute personne dont la journée passée dans un bureau à été exténuante.
Placé sous le signe de l'Angleterre, le changement de plateau a permis de désinhiber un sacré nombre de spectateurs pour la venue en scène de Carl Barât. Le meilleur ennemi de Pete Doherty était attendu comme le messie pour les gens de la fosse, du moins aussi fortement que The Drums, programmés après l'anglais. Veste de costard et jeans bleu clair moulant, le (futur ? ex ?) Libertines livre un set à la fois élégant et rock. A l'écoute de son premier album éponyme fraîchement arrivé dans nos bacs à disques, on se demandait comment le songwriter british allait s'y prendre pour interpréter en live ses chansons, extrêmement arrangées en studio. L'apport d'un contrebassiste, d'une violoncelliste et d'un pianiste en plus de son batteur lui permettent de rendre l'exercice moins difficile.
22h, c'est l'heure où entre sur scène le dernier groupe de la soirée, The Drums, quatre jeunes garçons new yorkais à qui l'on n'aura pas besoin d'apprendre comment avoir un style, un son, une personnalité. Car si sur disque ces musiciens ont déjà remporté l'engouement du public, leur prestation de ce soir a bluffé une bonne partie de la salle. Il n'y a qu'à regarder la présence étrange et captivante du chanteur et le jeu de scène superbement loufoque du bassiste (enfin, on croirait qu'il joue avec une guitare...) dont les jambes font souvent des bonds d'un mètre, pour se convaincre de l'originalité de ce quatuor à l'esprit à la fois sombre et pop. Le minimalisme de leur chansons répétitives et aux refrains mélodiques s'avèrent particulièrement vivants et jouissifs sur scène.