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Laetitia Sadier

Paris, Café de la Danse - 31 octobre 2010

Live-report par Chloé Thomas

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Inclassable, Laetitia Sadier, et trop pointue pour espérer autre chose qu'une première partie, la chanteuse de Stereolab se retrouve coincée à proposer un set assez court entre un horrible groupe folk gnan gnan et un groupe passable de folk bien pensant et qui aime la vie, à savoir Silje Nes et Mice Parade, ce qui agace le gens cyniques comme moi. Pour cette dernière date de leur tournée commune, elle offre un show visiblement bien rôdé, donnant le titre de chaque chanson avant de la jouer, comme une petite fille sage donnant l'intitulé de sa récitation. C'est que Laetitia Sadier est vraiment une bonne élève, à la voix d'une pureté époustouflante; le live permet de confirmer qu'elle n'a pas besoin d'être trafiquée en studio pour atteindre ce timbre à la fois si particulier et si clair.

Pour chaque chanson, elle ajoute aussi une petite dédicace, convoquant ainsi son univers familial (sa soeur, avec Natural Child), artistique (Pasolini, avec Lost Language), et militant, avec un titre dédié à Nicolas Sarkozy, lequel a paraît-il fait interdire le nouveau disque de Brigitte Fontaine car trop politique. On ne trouve rien sur Google à propos de cette question, mais on est bien tenté de croire Laetitia Sadier, vu l'ambiance qui règne dans ce beau pays, et les précédentes tensions entre Fontaine et Sarko. « Ce n'est pas parce que je chante des chansons douces que je ne suis pas énervée », dit Sadier.

Devant un public bobo de gauche, ce genre de déclaration fait du bien et ne mange pas de pain, même si on peut trouver qu'elle manque un peu d'envergure. La chanson dédie à Monsieur le Président est, en français, un appel un brin théorique à la redéfinition des frontières et à la (bonne) conscience. C'est, il faut le dire, un moment du concert qui sent un peu trop la bien-pensance vertueuse. Mais les temps sont trop tristes pour que l'on puisse se permettre de cracher là-dessus.

Surtout, d'un bout à l'autre, Sadier conserve une très grande classe, presque constamment seule en scène avec sa guitare. Il y a chez elle une constance, une maîtrise admirable, qui s'allient à ses textes très écrits, à ses mélodies chromatiques pour un set à la fois sans surprises et sans fausses notes. Il y en a que ce côté première de la classe belle et vertueuse peut irriter. D'autres s'accorderont à dire qu'elle est tout simplement brillante.