Male Bonding

En ce jour de Festival des Inrockuptibles, la concurrence est rude et l'affiche pourtant alléchante du soir avec les français de Papier Tigre et Male Bonding n'a pas vraiment attiré le chaland dans la rue de Bagnolet. Male Bonding, signé sur le label culte Sub Pop, n'a pas ramené la foule des grands jours, c'est d'ailleurs la raison qui avait poussé leur tourneur à annuler leur premier concert en France quelques mois plutôt. Leur excellent album en main, ils ont pourtant su conquérir quelques nouveaux fans par une prestation dense et énergisante.

A l'image du disque, les chansons sont jouées pied au plancher, les rythmiques dévalent la pente à toute vitesse, surement même encore plus rapidement que dans les versions enregistrées. Évidemment, le côté teenage pop / punk à roulettes est certainement encore plus évident en live, mais ne nous devons pas bouder notre plaisir car les chansons sont de qualité et donnent une folle envie de sauter et de headbanger (chose que je déconseille un lendemain de soirée trop imbibée).
Le public semble un peu surpris, avec tant d'énergie et de puissance, Male Bonding font assurément un peu tâche au milieu des groupes français ce soir, et hormis une petite dizaine de fans acquis à leur cause, ils ne réussissent qu'à embarquer avec eux qu'une frange minime mais enthousiaste de l'assemblée qui applaudit chaudement le groupe. Il faut admettre que la population de la Flèche d'Or, comme le quartier qui l'entoure, a bien évolué depuis 2005 : toujours cosmopolite, elle s'est un peu embourgeoisée, et a perdu par là-même son côté décalé si séduisant.

Le concert de Male Bonding s'avère donc excellent, avec une setlist bien choisie commençant fort avec Crooked Scene et le single Weird feelings, plus calme au milieu (Franklin) et terminant en beauté avec le génial Years Not Long et Paradise Vendors. Cela d'autant plus que le groupe nous gratifie ce soir de trois morceaux quasi-inédits : Before It's Gone (sorti en split vinyle 7" par Sub pop pour le Recordstore Day, il y a quelques mois), Can't Dream au break ahurissant et Tame The Sun. Certes, le bassiste ne chante pas toujours très juste et quelques pains sont entendre, mais après tout il s'agit d'une musique débraillée et spontanée, cela fait partie du plaisir.

Il est quand même surprenant que malgré un excellent album, un label prestigieux et un live convaincant, la réputation de Male Bonding n'ait pas vraiment traversé la Manche. D'autant que nombre de groupes proches ont eu largement plus de chance (Wavves ou Harlem par exemple) !