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Spectrum

Paris, Nouveau Casino - 10 novembre 2010

Live-report par Amandine

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Ce soir, aux alentours de 20h15, alors que Turzi était initialement prévu à 19h30, la salle est encore fortement clairsemée quand le versaillais Romain Turzi entre en scène.

Il quitte aujourd'hui son groupe de revival krautrock pour une « Electronic Experience ». Seul sur ses machines, son clavier et sa guitare, il commence à construire plage par plage ses morceaux en superposant les boucles, le tout sur une projection visuelle des astres, une sorte de Google Maps de l'espace. Rien de bien original... et c'est bien là le problème. Durant les premières minutes, se détache un côté aérien, psychédélique avec une noirceur prédominante : cette impression ne durera pas longtemps. La progression est trop lente pour qu'on réussisse à être totalement captivé. On sent une déshumanisation de la musique et ce sentiment est renforcé par l'attitude du français qui ne jette à aucun moment un œil en direction du public.
L'ambiance est glaciale. Les sons évoluent, la rythmique est plus soutenue mais sa musique est linéaire et le public a tendance à décrocher. Dans un court moment de silence, quelques applaudissements timides se font entendre. L'impression est ici d'assister à une expérimentation électronique et sonore non aboutie. Le bar est plus fréquenté que les premiers rangs, preuve que je ne suis pas la seule à trouver ce set ennuyeux. La fin, subite, sera de la même trempe que le reste de son concert : à peine un signe de la main et il quitte la scène. Romain Turzi avait déclaré dans une interview qu'il essayait « de faire en sorte qu'une fille puisse comprendre sa musique » mais qu'elle lui était difficilement appréhendable: le problème venait peut-être donc de là ce soir...

On essaie de vite oublier la déception du début pour accueillir Spectrum. Ce groupe est l'un des nombreux projets de Peter Kember, aka Sonic Boom, membre fondateur de Spacemen 3. Le groupe oscille entre cold wave et drone, les rythmiques sont angoissantes, lancinantes et les morceaux s'étirent de longues minutes, sur fond de distorsions de guitares, de gros reverbs dans le chant. Le spectre de Ian Curtis n'est pas loin.
Entre les titres, Sonic Boom passe de longues minutes à s'accorder mais, qu'à cela ne tienne, cela en vaut la peine. Il nous délivre une musique contemplative et l'on se demande si ce côté cyclique et répétitif, tant au niveau du chant que des instrumentations, est celui qui nous transporte dans un état second proche de l'extase. Avec la musique de Spectrum, pas de demi-mesure : on adhère ou on déteste les riffs indomptés et le chant sauvage. War Sucks nous emmène aux portes du post-punk avec sa tension annonciatrice d'une apocalypse proche tandis que Revolution joue sur les dissonances pour nous retrancher au delà de nos limites.

Oubliée la première partie ennuyeuse, les huit titres proposés ce soir nous auront emmenés loin de Paris. On sort sans plus savoir ce qui a pu se passer pendant cette petite heure et demie. Lorsque la musique de Spectrum réussit à nous pénétrer, elle s'insinue profondément en nous et il est difficile de s'en défaire.
setlist
    The Lonesome Death Of Johnny Ace
    Che
    How You Satisfy Me
    When Tomorrow Hits
    Revolution
    War Sucks
    ----
    Undo The Taboo
    Suicide
photos du concert
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