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The Popes

Paris, La Dame de Canton - 11 novembre 2010

Live-report par Amandine

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En ce jour férié, il fallait être motivé pour rejoindre la Dame de Canton, jonque chinoise amarrée aux bords de Seine, tant la météo était exécrable.

C'est donc sous la tempête que je rejoins ce lieu si particulier aux odeurs de bois vernis pour entamer la soirée avec les français de Lonah, groupe parisien reconnu pour savamment mélanger œuvres musicale et graphique. En effet, « chaque morceau dispose de son schéma de traitement de l'image, prenant en entrée des captations sur scène et le son joué live pour l'interfacer avec des circuits visuels mélangeant création en 3D et torture de vidéos ».
Visuellement, on peut dire que le résultat est soigné et abouti et en parfaite adéquation avec la musique. Le problème, ce soir, c'est que le lieu est incongru et exigu et qu'il faut s'y prêter. L'installation visuelle est donc reléguée au bar, à l'opposé de la scène. Lonah flirtent avec les différentes formes d'art, s'approprient des poèmes d'Apollinaire pour les mettre en musique mais on a rapidement l'impression qu'ils s'égarent dans cette quête; il est difficile de saisir leur ligne directrice pendant ce concert : tantôt le chant est en français, tantôt en anglais (les deux langues se rencontrent parfois au sein d'un même titre), les rythmes oscillent entre jazz, pop psychédélique et chanson française traditionnelle.
Leur dernier morceau résume assez bien ce que l'on a eu l'occasion de voir ce soir : prenez un jeu de guitare à l'archet qui n'apporte aucun intérêt, une batterie trop présente et un chant à la Rita Mitsouko pas toujours maîtrisé, mélangez le tout et vous obtenez... un cocktail raté; certains éléments sont hors de propos et on ne comprend pas où les musiciens veulent nous amener.

Le temps de se rafraîchir et voilà qu'arrivent les Toulousains de SvenSson. Sur le papier, ils disent vouloir réconcilier Gainsbourg, The Cure et Nick Cave. Ce n'est probablement pas ce soir qu'ils réussiront. Les mélodies, conduites par la douceur du violon, pourraient tenir leurs promesses si le chant maniéré ne venait pas gâcher les morceaux. Les textes, en français, sont parfois bancals et au bout d'un moment, je suis plus focalisée sur le fait que le vent fasse tanguer la jonque plutôt que sur la musique. On notera toutefois un mash-up intéressant entre Gainsbourg et son Initials BB et le magnifique duo Nick Cave/PJ Harvey : Henry Lee.

Fin du set, passons maintenant aux choses sérieuses. The Popes sont attendus comme le Messie ce soir et un bateau comme première date de leur tournée, ça ne saurait mieux tomber pour ces irlandais à l'énergie débordante. Il faut attendre presque 23h pour les entendre, la faute à cette tempête venue retarder leur bateau plus tôt dans la journée. Même si leur concert sera fortement écourté et ne durera qu'une bonne heure, Paul "Mad Dog" McGuinness et sa bande auront réussi à enflammer la Dame de Canton.
Il serait réducteur d'associer The Popes à une simple punk-folk irlandaise comme avait pu le faire Shane McGowan avec les Pogues dans les années 80. Tout comme les Clash à leur époque, les musiciens nous proposent un large éventail de compositions aux influences cosmopolites telles que le dub ou la musique traditionnelle irlandaise, le tout emmené par un chant punk revendicatif. Bastards nous fait lever le poing tandis que l'indémodable Dirty Old Town nous fait taper du pied et lever la pinte au son du violon et de la mandoline. Il faut dire que malgré l'absence de Shane McGowan, The Popes ont un charisme débordant et une ardeur communicative. On ferme les yeux et on se croirait au centre de Dublin, à Temple Bar; même la météo nous fait y croire.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin mais on ne saurait rêver meilleure soirée pour un 11 novembre pluvieux.
setlist
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