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Gorillaz

Paris, Studio 207 - 24 novembre 2010

Live-report par Amandine

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Lorsqu'on m'annonce que j'aurai la chance d'assister à un concert de Gorillaz filmé dans le cadre d'une émission télévisée, je suis à la fois excitée d'avoir la chance d'assister à un show en comité restreint (environ 800 personnes ce soir) mais aussi inquiète quant au fait qu'il s'agit d'un enregistrement avec tous les inconvénients que cela comporte, à savoir beaucoup de discussions et d'attente pour finalement peu de musique live.

C'est donc avec un peu d'appréhension que je rejoins le studio d'enregistrement de La Musicale de Canal+ qui fête aujourd'hui sa vingtième édition en grande pompe avec la troupe de Damon Albarn et Jamie Hewlett, aka Gorillaz.
Nous n'aurons finalement droit qu'à assez peu d'attente et tout aussi peu de chauffeur de salle et d'Emma de Caunes avant le début des hostilités. Il faut avouer que c'est la stupéfaction en découvrant les décors spécialement conçus pour l'occasion : l'univers de la Plastic Beach du dernier album a été recréé. La scène revêt la forme d'un immense bateau avec ses missiles de guerre, ses canons; en haut de la cabine, des lettres lumineuses gigantesques à l'effigie du groupe tandis que dans la salle, un phare vient guider les âmes égarées. Un écran géant nous annonce que le concert sera agrémenté des animations de Jamie Hewlett retraçant les aventures de 2-D, Noodle, Murdoc, Russel et leurs nouveaux potes.

A 21h déboule sur scène le début du cortège : un groupe de violonistes, violoncellistes et contrebassistes toutes plus belles les unes que les autres dans leurs uniformes de la marine très 50s suivi de près par le reste des musiciens. Tous sont habillés sur le même thème : béret à pompon et marinière sont de rigueur. Pour fermer le pas, les trois hommes qui seront pour moi les magiciens de cette soirée : Damon Albarn, toujours aussi souriant qu'à son habitude, Mick Jones, très classe en Capitaine Stubing, et Paul Simonon, bad boy qu'on croirait plutôt pirate, avec sa clope au bec et sa bière à la main.
Cela faisait neuf longues années que Gorillaz n'étaient pas venu enflammer une salle parisienne et ils vont rattraper le temps perdu. Les lettres lumineuses s'éclairent, les cuivres de l'Hypnotic Brass Ensemble de Chicago, bad boys du jazz, débutent, et Snoop Dogg apparaît sur l'écran pour Welcome To The World Of The Plastic Beach. A partir de ce moment, la sauce ne retombera jamais pendant une heure quarante-cinq. Les invités se succèdent au rythme des tubes : Bobby Womack vient pousser la chansonnette sur Stylo et Cloud Of Unknowing tandis que De La Soul font quelques apparitions, notamment sur le très remarqué Feel Good Inc. Little Dragon accompagne Damon sur le très charmant To Binge tandis que le chanteur pop Daley vient interpréter le nouveau single du groupe, Dancamatic, sorti officiellement la veille.

Tout va trop vite, il se passe trop de choses : beaucoup de musiciens, les vidéos suivant la trame de la setlist, tout ceci résonne comme un show où l'improvisation n'a pas sa place et c'est peut-être ce qu'on pourrait déplorer. Néanmoins, les rencontres musicales sont époustouflante : la venue du National Orchestra For Arabic Music (comprenez un ensemble traditionnel syrien) donnant la réplique aux rappeurs Bashy et Kano sur White Flag restera un moment en suspens et en douceur alors que, quelques minutes plus tard, Mick Jones et Paul Simonon, mitraillant le public de sa basse, sonnent le tocsin sur un pur moment de rock enragé.
Gorillaz c'est avant tout un mélange de cultures et d'horizons pour des rencontres musicales improbables, mais aussi humaines, car tout au long du set, on constate la bonne humeur qui se dégage de cette bande de joyeux lurons. Damon sait, quand il le faut, se mettre en retrait et apprécier le spectacle autant que nous: il s'amuse, arbore son air mutin lorsqu'il plaisante avec les musiciens, saute et donne toute son énergie. Il est débarrassé du poids de leader/songwriter/chanteur/frontman comme il a pu l'être par le passé et il faut avouer que même si, comme moi, on préfèrera toujours la période Blur (peut-être par nostalgie), Gorillaz est une machine rodée et efficace, surprenante et enchanteresse.

Le rappel sur Clint Eastwood et Feel Good Inc. achève de chasser très vite les doutes qui auraient encore subsisté : nous avons assisté ce soir à un grand moment et oublié rapidement qu'il s'agissait d'une émission télé; rendez-vous est pris le 4 décembre pour la diffusion du concert sur la chaîne cryptée.