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Battant

Paris, Point Éphémère - 25 novembre 2010

Live-report par Amandine

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Le Point Éphémère laissait ce jeudi carte blanche à Multitudes, revue politico- culturo-artistique dans le cadre de son hors série « Gouines Rouges, Viragos Vertes » ; le thème de la soirée : les girrrrrls. Alors qu'originellement étaient prévus Battant et Trash Kit, la soirée s'est finalement vue amputée du second groupe, remplacé par les Françaises de Mensch. Si l'événement voulait avoir une portée militante et culturelle importante, il n'en fut finalement rien : les personnes présentes, des bobos curieux qui n'en avaient cure de la musique, auront terni l'enthousiasme des fervents admirateurs des Londoniens.

C'est vers 20h30, dans une salle quasi-déserte, que se présentent les deux membres de Mensch. Ce jeune groupe formé en ce début d'année 2010 se place dans la mouvance actuelle d'électro-rock. L'instrumentation est quelque peu minimaliste : une guitare, une basse et des boîtes à rythme. Le premier morceau du combo nous emmène vers une new wave revisitée façon The XX mais sans ce qui fait toute la différence entre les jeunes Anglais et les autres, à savoir la nuance et, surtout, cette antithèse douceur et rage, sur le fil du rasoir. La suite s'avère sans surprise, on reste dans le même registre avec pour seule différence des titres plus ou moins rythmés. Les sonorités ont un petit quelque chose des premiers Sonic Youth et le chant rappelle celui de PJ Harvey mais en plus amateur et moins efficace. Les percussions manquent de chaleur et d'intensité.
Le principal problème de Mensch ce soir est probablement le manque de maîtrise de la scène : la chanteuse joue l'équilibriste tout au long du set pour tenter de garder le fil; elle s'énerve parfois mais le résultat ressemble plus à une rebelle timide de bonne famille qu'à une Kim Deal. Les intentions et les idées sont bonnes mais le manque de savoir-faire est gênant. Elles s'essaient à un électro tapageur trop dancefloor et se retrouvent le cul entre deux chaises avec deux entités musicales incompatibles à tel point que l'on croirait par moment entendre une juxtaposition de deux titres. Dès qu'elles utilisent trop le matériel électronique, on ressent un manque de cohésion avec le reste des instruments. Malgré ces quelques grincements de dents, Mensch, avec plus de travail et une meilleure aisance sur leurs compositions encore jeunes, est un groupe à suivre.

Les quatre Londoniens de Battant semblent arriver dans une indifférence quasi totale et tout est encore à faire pour eux afin de réussir à attirer l'attention d'un public particulièrement irrespectueux envers les artistes. Pour ce faire, la chanteuse longiligne aux jambes interminables use de son charme naturel mais aussi de sa pugnacité. Sa voix évoque celle de Siouxsie Sioux ou celle d'Eve Libertine, chanteuse de Crass. Le punk est omniprésent, même si les sonorités sont très actuelles.
La musique est vidée de tout ce qui n'est pas essentiel pour nous livrer des perles brutes comme The Letter ou Radio Rod. On pense à The Kills en plus violent et plus underground. On sent que le combo ne fait pas dans la concession commerciale et c'est ce que les quelques fans présents ce soir-là semblent apprécier.
Si le punk devait avoir un enfant illégitime en 2010, Battant serait probablement l'un d'eux en puisant dans l'essence même du mouvement : la rage, pour lui ajouter une noirceur électronique délicieuse. Le mélange d'énergie pure et de délicatesse est servi par une musicalité tantôt entraînante, tantôt lancinante. Chloé Raunet possède ce charisme et cette sensualité naturelle, de quoi se laisser totalement charmer par ce groupe encore trop méconnu en France, bien qu'il soit signé sur le label local Kill The DJ.