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Tricky

Paris, Trianon - 30 novembre 2010

Live-report par Emeline

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S'il y a une chose que l'on peut affirmer avant tout avec certitude, c'est que Tricky a des fans. Pour preuve, voilà au moins trois fois que l'Anglais s'offre en concert dans la capitale en moins d'un an (on l'a vu au festival Indetendances à l'Hôtel de Ville puis à l'Elysée Biarritz en août et en octobre dernier), et trois fois que le public est au rendez-vous. Pourtant, ses concerts ne sont pas toujours au niveau attendu, certains s'affichant comme des shows puissants et hypnotiques quand d'autres se veulent d'une regrettable platitude scénique.

En ce jeudi 30 novembre, la foule est quoiqu'il en soit venue nombreuse dans le théâtre fraichement rénové du Trianon. Un lieu imposant, idéal pour que Tricky fasse sensation avec Mixed Race, son dernier album bariolé, au superbe mélange de trip-hop, de rock, de sonorités orientale et d'ambiances sombres ou groovy.

 

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Si musicalement, on ne s'attendait donc pas à être déçus – ses albums possèdent relativement assez de charme et d'originalité pour séduire -, visuellement, le show fourni ce soir se révèle un peu décevant. Sur scène, le Britannique est entouré d'un batteur, d'une guitariste et d'une bassiste, d'un musicien aux machines et d'une chanteuse-choriste (laquelle, il faut bien le dire, représente à elle seule le gros du boulot fait lors du concert). D'emblée, le côté bad boy de Tricky apparaît : joints de marijuana à l'appui (comment fait -il pour fumer pétard sur pétard pendant prés d'une heure et demi sans somnoler ?), l'artiste ne vient vers son micro que pour prononcer de sa voix grave quelques mots (rares mais exclamés avec une manière séduisante que seule possède le chanteur) ; parfois, il bouge son corps aux jolis abdominaux aux rythme d'une musique souvent cérébrale, tour à tour rock et trip-hop, et la plupart du temps, il se met en retrait, face à l'homme derrière ses machines, ne venant que rarement flirter vocalement avec sa choriste.

 

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Durant environ 1h20 de concert, on note tour à tour l'engouement d'un public qui siffle et applaudit à chaque « performance » (?) vocale de Tricky, notamment sur Council Estate. Plutôt bien arrangées, des chansons comme Overcome et son trip-hop envoutant, l'énergique Black Steel et l'électro-clash groovy de UK Jamaican - où l'on soulignera le joli flow hip hop de la choriste - font sensation, tout comme Murder Weapon et sa guitare guerrière, ou Ghetto Stars, impeccablement tendu.
D'autres morceaux sont en revanche un peu plus fades en live : Really Real a du mal à décoller et Pumkin, chanté par la choriste, certes gracieuse et bien arrangée, ne possède pas la magie donnée par la chanteuse originelle du titre, Alison Goldfrapp. Enfin, mention « pas mal » pour Puppy Toy, issu de l'opus Knowle West Boy, ou encore Past Mistake, à la batterie particulièrement bien réverbérée.
Durant le rappel, Tricky invite un musicien dénommé Hakim sur le titre éponyme, dont les sonorités orientales viennent donner un nouvelle couleur plus exotique à ce concert un peu brumeux.

 

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Aussi bien capable de s'éclipser derrière l'épaisse fumée de ses cigarettes hallucinogènes que de jouer au musicien ouvert et sociable sur sa reprise de Ace Of Spades de Motörhead (où il fait grimper une trentaine de spectateurs sur scène), Tricky fait dans la demi-mesure, convaincant par sa personnalité artistique, mais décevant parfois par son manque d'implication scénique.