Si musicalement, on ne s'attendait donc pas à être déçus – ses albums possèdent relativement assez de charme et d'originalité pour séduire -, visuellement, le show fourni ce soir se révèle un peu décevant. Sur scène, le Britannique est entouré d'un batteur, d'une guitariste et d'une bassiste, d'un musicien aux machines et d'une chanteuse-choriste (laquelle, il faut bien le dire, représente à elle seule le gros du boulot fait lors du concert). D'emblée, le côté bad boy de Tricky apparaît : joints de marijuana à l'appui (comment fait -il pour fumer pétard sur pétard pendant prés d'une heure et demi sans somnoler ?), l'artiste ne vient vers son micro que pour prononcer de sa voix grave quelques mots (rares mais exclamés avec une manière séduisante que seule possède le chanteur) ; parfois, il bouge son corps aux jolis abdominaux aux rythme d'une musique souvent cérébrale, tour à tour rock et trip-hop, et la plupart du temps, il se met en retrait, face à l'homme derrière ses machines, ne venant que rarement flirter vocalement avec sa choriste.
Durant environ 1h20 de concert, on note tour à tour l'engouement d'un public qui siffle et applaudit à chaque « performance » (?) vocale de Tricky, notamment sur Council Estate. Plutôt bien arrangées, des chansons comme Overcome et son trip-hop envoutant, l'énergique Black Steel et l'électro-clash groovy de UK Jamaican - où l'on soulignera le joli flow hip hop de la choriste - font sensation, tout comme Murder Weapon et sa guitare guerrière, ou Ghetto Stars, impeccablement tendu.
Aussi bien capable de s'éclipser derrière l'épaisse fumée de ses cigarettes hallucinogènes que de jouer au musicien ouvert et sociable sur sa reprise de Ace Of Spades de Motörhead (où il fait grimper une trentaine de spectateurs sur scène), Tricky fait dans la demi-mesure, convaincant par sa personnalité artistique, mais décevant parfois par son manque d'implication scénique.