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MARINA

Paris, Alhambra - 30 novembre 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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Emballée, transportée, éprise de Marina ; la gente masculine est très fortement représentée en cette soirée, hétéros et homos confondus. Lors de sa venue au Divan du Monde en avril dernier, nous étions quelques centaines à avoir eu la chance de découvrir, pour certains, le malicieux talent, de ressentir, pour tous, le délicieux envoûtement opérés par Marina et ses diamants. Rares sont les nouveaux artistes qualifiés de pop, donc plus « populaires » que les autres, générant un tel engouement auprès du public, comme des critiques, ce qui est à marquer d’un caillou brillant !

Marina Lambrini Diamandis (pour ceux qui pensaient que les « Diamonds » étaient ses musiciens, c’est raté !), de son vrai nom, est grecque d’origine, jeune (25 ans), belle et déjà bien installée dans le circuit puisqu’elle a eu droit, récemment, à son premier remix de qualité (sur le titre Hollywood) opéré par les non moins qualitatifs, Monarchy (signés sur Neon Gold eux aussi à l’époque). Celle qui mélange allégrement Blondie avec Madonna sur des tonalités synth pop d’une rare complexité, se produit ce soir à l’Alhambra, dans une salle qui affiche complet.
20h30, la queue est déjà là et bien là, le long du trottoir devant la salle de l’Alhambra. L’entrée de l’Alhambra, c’est toujours une épreuve. Avec sa configuration et son « sas » d’accès où se trouve le vestiaire et un physio, pas toujours bien luné, par périodes de froid (souvenirs d’un concert neigeux de Richard Hawley au même endroit l’hiver dernier), il y a pratiquement une heure d’attente pour faire pénétrer tout le public à l’intérieur. Étant donné qu’il fait -2 degrés ce soir, l'attente est difficile pour tous et notamment pour les jeunes filles qui ne veulent plus entendre parler de leggings mais qui ont quand même osé les jupes ! La disparité du public et la multiplicité des âges sont assez étonnantes pour une artiste qui ne fréquente pas encore les radios FM Françaises, hormis peut être Nova et Néo.

 

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Marina entre sur scène quelques minutes après ses musiciens, vêtue d’une longue jupe tube noir ébène qui dessine les formes d’une chanteuse quasi cartoonesque de part sa plastique, tout sauf platonique et ses tenues plus manga que les créatures de Murakami ! Réussissant le tour de passe de passe scénique d’apparaître dans la capitale deux fois dans la même année et dans deux salles différentes, Marina joue à guichet fermé (ça devient une habitude pour celle qui a déjà rempli, à ras bord, le Divan du Monde) et c’est mérité. Son album, The Family Jewels (pas sûr qu’elle n’ait pas eu une idée de la signification de cette expression en français !) est largement explorée avec des titres comme le titre éponyme, Are You Satisfied? ou les deux récents hits qui ont immédiatement assis sa réputation, I Am Not A Robot, légèrement réinterprété pour l’occasion, et Mowgli's Road que l’audience connaît déjà par cœur. Lunettes hexagonales et lèvres peintes de substance fluorescentes sous les black lights, Marina joue de tout. De sa voix aux écorchures Nina Hagenienne aux postures de ballerines, sans oublier de jouer pleinement de son charme pour emmener son public là où bon lui semble.
Effeuillant sa tenue au fur et à mesure que monte la chaleur, elle laisse découvrir un grand cœur fluo rajouté sur sa jupe au niveau de son ventre et semble projeter toute son affection à ce public qui le lui rend au centuple. Ce soir, sa mère et sa sœur qui vit à Paris sont dans la salle et, en bonne fille à la tendresse débordante, elle nous entraîne dans un « Happy birthday mother » de circonstance ; cette dernière devant réaliser à quel point elle pouvait être fière de ce petit bout de femme vivant à Londres mais dont les racines émergent des îles Egées.

 

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Il y a dans sa musique un audacieux cocktail composé d’une dose de Blondie, d’un doigt de Madonna, d’une once Bjork et, d’un soupçon, infinitésimal de Britney Spears. Mixé, agité, secoué par des musiciens servant une pop synthétique de qualité, ce breuvage est joyeusement avalé, savouré, dégusté et donne aux papilles un avant-goût des fêtes de fin d’années.
Depuis quelques temps, les femmes ont repris le pouvoir au panthéon de la pop synthétique de qualité et explorent avec grâce des univers vocaux, musicaux, vestimentaires d’une complexe diversité, pour la plus grande joie des générations qui s’entremêlent (Florence And The Machine, LA ROUX, Anna Calvi...).
Malgré une salle plus hype et branchée que musicalement passionnée, Marina représentant peut être ce qui se fait de mieux en terme de « style » avant-gardiste pour se faire mousser sur Facebook, la vision de toutes ces générations mêlées est un réel gage de succès. Toujours prête à faire plaisir, dans son attitude comme dans ses chansons, Marina revient rapidement après un rappel qui ne souffre d’aucune défection dans un public ne bougeant pas d’un cil, certain de son retour malgré l’heure tardive et le risque de verglas sur la route ! Elle entonne alors un Hoolywood lui permettant de fermer le bal sur une interprétation revisitée dans des phrasés et des intonations qui n’ont rien à voir avec la version studio et qui, si besoin en était, prouvent qu’elle est bel et bien une artiste de scène et que l’improvisation est une qualité qu’elle maîtrise parfaitement.

Elle qui s’étonne de ne pas avoir les faveurs des radios ou des TV en règle générale (Taratata en est l’exception confirmant la règle), prouve, si besoin en était, qu’il n’est nul besoin de fréquenter Nikos ou Arthur pour être subtile, douée et populaire à la fois !
setlist
    The Family Jewels
    The Outsider
    Girls
    Seventeen
    Are You Satisfied?
    Rootless
    Hermit The Frog
    I Am Not A Robot
    Obsessions
    Jealousy
    Oh No!
    Shampain
    Mowgli's Road
    Guilty
    ----
    Numb
    Hollywood
photos du concert
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