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The Redneck Manifesto

Paris, Espace B - 7 décembre 2010

Live-report par Amandine

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Il fallait au moins une affiche aussi alléchante que celle que proposait ce soir l'Espace B pour réussir à affronter la neige et le froid jusqu'au fin-fond du 19ème arrondissement et retrouver cette salle si chaleureuse qui nous offrait la première venue parisienne des Irlandais de The Redneck Manifesto.

Avant cela, deux groupes partagent la première partie, tous deux français, mais balayant des univers somme toute assez différents. Les premiers à monter sur scène se nomment Apes Did Ensemble et ont été appelés à la rescousse pour remplacer Telescope initialement prévus. Ils exécutent un début en flottement avec une pop planante influencée par Mogwai où les voix ont encore un peu de mal à se placer mais très vite, ils s'orientent vers un registre plus rythmé mêlant le math-rock dans le jeu de guitare et le post-rock ou le rock alternatif.
Lorsque le chanteur s'engage dans un chant enragé presque screamo et qu'il est suivi par ses musiciens, l'ombre d'At The Drive-in n'est pas loin. Ces quatre-là nous donnent une bonne leçon de maîtrise de leurs instruments qu'ils martyrisent pour notre plus grande joie : le batteur, particulièrement expressif, frappe ses fûts jusqu'à n'en plus pouvoir et malgré quelques ratés, la prestation nous laisse un goût de réussite, ne serait-ce que par la débauche d'énergie mise en œuvre.

La deuxième formation à se présenter, Crëvecoeur, est un trio atypique qui assure toutes les premières parties de la tournée de The Redneck Manifesto. Il est difficile de restituer l'ambiance de ce concert tant celle-ci aura vogué dans des directions différentes. Ce combo n'en est pas à ses débuts puisqu'il a déjà partagé l'affiche avec de nombreux groupes de post-rock comme Do Make Say Think, et à les voir, on comprend pourquoi il sied tant à ce style musical. Ils ne sont que trois sur scène et pourtant les instruments se comptent par dizaines : guitares, trompette, xylophones, harmonium, violon, theremin, cloches, maracas...
Le set débute dans une sombre gravité et la valse d'instruments semble vouloir restituer de petits moments attrapés au vol. La démarche semble conceptuelle et très intellectualisée. Chaque seconde est exploitée pour étoffer un son minutieusement calibré. Les compositions, essentiellement instrumentales, même si parfois parsemées de quelques harmonies vocales, se teintent de l'univers des Balkans ou caressent le blues pour ensuite venir valser avec le post-rock. L'ambiance tient plus de la prestation théâtrale que du concert.
Les visages des trois musiciens sont fermés, dédiés à leur performance et ce n'est qu'en fin de set, lorsqu'ils s'accordent enfin un moment d'improvisation, que l'on constate à quel point ils semblent prendre du plaisir à construire cette symphonie funèbre. Crëvecoeur nous aura fourni ce soir un moment riche en douceur et en émotions.

Une quinzaine de minutes plus tard, place à l'artillerie lourde avec les dublinois de The Redneck Manifesto. Formé en 1998, le quintet a acquis un succès marqué au sein de la scène underground et ses prestations scéniques sont réputées pour être de hors vol. Pour une première venue à Paris, le cadre est idéal : des dessins à l'effigie du groupe en guise de décor de scène, une salle bondée chauffée à au moins 40°C et un public survolté dès les premières secondes, rien de moins pour accueillir comme il se doit un des joyaux de la scène post-rock.
Un slam la tête dans le plafond sur les guitares abrasives, un headbanging sur les lignes de basse, voilà à quoi ressemble ce début de set. Chacun des cinq musiciens déploie une fougue sans limites mais on retient surtout la prestation toute en humilité du bassiste : ce petit lutin sauteur réussit à déchaîner le public tant par son énergie que par ses lignes de basse ravageuses. Le groupe tient ses promesses; le son est parfois aérien mais garde ce côté groovy et rythmé, carte de visite de The Redneck Manifesto. Les musiciens se donnent à 2000%, usant de vieux titres issus de leur premier album, Thirtysixstrings ou présentant les compositions de Friendship, dernier LP en date. La basse nous secoue les tripes, le batteur et les guitaristes nous amènent à la transe... Pas de doute, les symptômes sont bien ceux d'un très bon concert de post-rock.

On aurait aimé que ce moment dure un peu plus longtemps mais ne faisons pas les fines bouches, c'était déjà magistral !
setlist
    Non diponible
photos du concert
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