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Munch Munch

Paris, Flèche d'Or - 9 décembre 2010

Live-report par Julien Soullière

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Il est un peu plus de 20h, et c’est dans une Flèche d’Or des petits soirs que l’on pénètre après un parcours semés d’embûches neigeuses. L’idée de braver froid et verglas pour les seuls beaux yeux de Munch Munch n’a visiblement pas séduit grand monde; devant nous, une salle désespérément vide d’âmes humaines que la lumière des spots balaye pendant de longues minutes. Paradoxalement, la scène, elle, semble sur le point de s’affaisser sous le poids des nombreux instruments qui jonchent son sol : cordes, claviers, batterie, tambourins, micros, rien ne semble avoir été oublié.

Il faudra attendre une bonne heure avant que les français de Karaocake daignent enfin tâter du clavier, et ce le temps d’un premier morceau fort épuré au regard des suivants, bien que tous soient drapés de sonorités électroniques en tout genre (dont l’immanquable, celle qui nous donne toujours à croire qu’un orgue d’église s’est invité à la fête). Cette introduction passée, les compositions vont alors gagner en épaisseur, un des membres du groupe s’éloignant de son synthétiseur pour mieux devenir, en fonction des morceaux, préposé à la basse ou à la guitare.
A la tête de cette curieuse formation, un petit bout de femme aussi ronde que ses lunettes, et dont la monotonie du chant renvoie à celle du set proposé ce soir; heureusement, ce n’est pas parce que les morceaux joués ce soir sont similaires en de nombreux points que le plaisir est forcément absent et, au final, personne n’y trouvera à redire durant la demi-heure de show règlementaire.
Si les trois gaillards qui s’agitent devant nous semblent stressés, ils ne manquent pas d’humour quant à leur absence de jeu scénique. Ceci dit, jamais ils n’essaieront d’inverser la tendance. Que voulez-vous, les vieilles habitudes ont la dent dure...

Les dix coups de vingt-deux heures ont maintenant sonné, et c’est une entrée en matière tonitruante que nous proposent les Munch Munch : le rideau est à peine tombé que la voix plutôt haut perchée de l’un des chanteurs s’acoquine avec une batterie surpuissante et une foule d’autres choses pour mieux mettre nos oreilles à l’épreuve.
Une chose est sure, il y a du monde sur la petite scène de la Flèche d’Or (ils sont cinq), et les gaillards s'investissent sans compter, donnant de la voix à s’en étouffer, gesticulant à foison et frappant des plus vigoureusement sur leurs instruments (les percussionnistes du moins).
Alors oui, c’est parfois brouillon, pas toujours très accessible et le groupe ne transpire pas la sympathie, mais il y a de l’énergie, et surtout la volonté de proposer quelque chose de différent, à la fois rock et électro, pop et tribal. Ce qui n’est visiblement pas assez pour un public qui, certes applaudit comme il est coutume de faire entre chaque morceau, mais qui semble aussi plutôt circonspect à l’écoute de la musique proposée par les anglais.

Clou du spectacle, la songwiter et guitariste Marnie Stern sera bientôt sur scène : le devoir nous appelle cependant ailleurs, et nous quittons donc la Flèche, les gants aux mains et l’écharpe bien nouée.