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Placebo

Belfort, Eurockéennes - 2 juillet 2004

Live-report par David

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La première journée de ces eurockéennes 2004 affiche complète et ce n’est pas vraiment une surprise au vue de l’alléchante affiche proposée en ce vendredi réunissant le « buzz » du moment (Franz Ferdinand) ainsi que quelques valeurs sures rameutant facilement les foules (M et Placebo).

C’est aux jeunes français de Luke que revient la lourde tâche de démarrer les hostilités sous le chapiteau en plein milieu d’après-midi et ils s’en sortirent plutôt pas mal : les tubes sont là (La Sentinelle et Soledad en tête), les petites surprises aussi (une reprise quoiqu’un peu molle de Pas Assez De Toi de La Mano Negra « plus grand groupe de rock du monde » dixit le chanteur ) mais il manquait quelque chose pour que leur prestation reste dans les annales : avec un bassiste jouant assis sur une chaise (pour cause de jambe plâtrée !) et un deuxième guitariste pas franchement inspiré, les quatre membres de Luke avaient clairement décidé d’insister sur le rock « tubesque » de leur second album (une seule chanson de La Vie, Presque sera jouée dans une version « speed » pas vraiment réjouissante) ; leur show en devint trop uniforme et monotone pour au final manquer franchement d’émotion : dommage.

La nouvelle mouture de No One Is Innocent (toujours menée de main de maître par le charismatique Kemar) prit le relais sur la grande scène en ayant la très bonne idée d’attaquer leur set par un Helter Skelter du plus bel effet ! La suite fût franchement agréable pour peu qu’on aime leur style de musique et le public leur réserva une belle ovation après avoir entendu des morceaux familiers comme La Peau ou le toujours emballant Nomenklatura.
Mais l’une des vrais découvertes « remuantes » de la journée fût sans conteste celle des norvégiens de J.R Ewing qui enflammèrent la nouvelle Loggia (plus grande et véritable « chapiteau n°2 » cette année) par un concert énorme, tout en énergie (rappelant parfois les déluges sonores de The Mars Volta) dont le moment fort restera la magistrale reprise du Big Exit de P.J Harvey: enthousiasmant!

Pendant qu’IAM peinaient franchement à faire décoller leur set sur la grande scène, un petit détour par la Plage permit de profiter de quelques chansons du collectif canadien de Broken Social Scene, rejoins par leur copine Feist pour l’occasion : un peu le bordel avec tout ce monde sur scène mais finalement planant et très agréable.
Seul petit inconvénient de ce détour, le retour trop tardif sous le chapiteau pour l’événement Franz Ferdinand permet de se rendre compte de l’énorme engouement du public pour la révélation britannique de cette année : impossible d’approcher à moins de 50m de la scène et confirmation de ce que l’on craignait sur le papier à savoir que les écossais auraient logiquement du être programmé sur la grande scène ! ! Le démarrage sur Cheating On You rend la foule hystérique et le son apparaît alors bien faiblard en comparaison avec l’agitation frénétique et délirante du public. Les Franz Ferdinand ainsi « à domicile » vont livrer un set carré, percutant et l’imparable Take Me Out fit danser et chanter absolument tout le monde dans un périmètre de 150m autour du chapiteau. Effet de mode un peu « too much », presque irritant (mais pourquoi tous ces gens ne s’intéressent pas pareillement à des Ben Kweller ou autres The Rapture ! ! ! !) mais quand même franchement impressionnant à vivre et finalement, on en ressort assez impatient d’entendre ce que va nous proposer Franz Ferdinand par la suite, lorsque ce phénomène de « buzz » sera retombé.

Un autre artiste charismatique va par la suite également enthousiasmer le public ; il s’agit bien évidemment de M qui (comme d’habitude pourrait-on dire !) va fédérer la foule rassemblée devant la grande scène avec un show spectaculaire (énorme guitare rose gonflable de fond de scène, guitare électrique pendue à des câbles) et mégalo (heureusement au second degré). La grande force de Mathieu est d’être toujours proche de son public et particulièrement généreux avec celui-ci : logiquement, son concert devient alors une espèce de communion très sympathique (même sous les seules gouttes de pluie de ce long week-end!) et finalement idéale dans le contexte d’un festival rassembleur.
Pas le temps de profiter du rappel Machistador: un petit chevelu new-yorkais a déjà pris d'assaut la Loggia. Ben Kweller et son groupe vont délivrer un concert débordant d'énergie et, à l'instar de leurs potes des Kings Of Léon franchement "rock n' roll"!! Même si quelques chansons plus calmes (notamment On My Way et une autre avec Ben seul à la gratte sèche ainsi que la mignonne How It Should Be (Sha Sha)) sont au rendez-vous, ce sont les guitares électriques qui auront la part belle pour ce show notamment avec Ann Disatserainsi qu'un The Rules d'anthologie. Beaucoup de bonne humeur également lorsque Ben présente un par un les membres de son groupes avant de se lancer dans une reprise…d'Enter Sandman!! (reprise carrément bancale que Ben Kweller lui-même ponctuera hilare en nous avouant: "en fait, on est pas très bon à la guitare!"). Excellent concert donc qui se termina par la superbe In Other Words en rappel mais dommage que si peu de monde ne se soit déplacer pour le voir (nombreux ayant préférer découvrir les largement surestimés ! ! ! sous le chapiteau).

Ce très bon vendredi devait se finir en apothéose avec la prestation de Placebo en clôture de la grande scène mais le moins que l'on puisse dire est qu'il n'en fut rien! La calamiteuse entrée du groupe sur Taste In Men (quel choix étrange comme première chanson!) avait de quoi inquiéter d'emblée: guitare inaudible, tempo au ralenti, quelque chose ne se passait pas correctement. Le visage de Brian Molko, détaillé par les deux grands écrans, semblait partagé entre la lassitude et l'inquiétude et ce ne fut pas la suite du concert qui rassura les troupes et le public: The Bitter End mollassonne, Protège-Moi (en français) catastrophique, la machine Placebo était cassée: pas d'envie de jouer, aucune communication avec le public (le premier "Bonsoir" de Brian n'intervenant qu'après la cinquième chanson!!) et puis ces bandes préenregistrées (tantôt de basse, tantôt de guitares) de plus en plus nombreuses brisant vraiment toute la dynamique que pouvait avoir le groupe par le passé, la première moitié de ce show fut franchement pathétique. Heureusement la toujours merveilleuse Without You, I’m Nothing fit quand même son effet et l'ovation finale du public réveilla le batteur …qui eu la très bonne idée d'accélérer franchement le tempo dès l'intro de This Picture! L'effet fut immédiat sur Brian et Stefan, forcés de le suivre, et relança cette deuxième partie de show qui fut un peu plus convaincante notamment grâce à un English Summer Rain fédérateur et un Pure Morning toujours à son affaire.
Le rappel fut (enfin!) le moment pour les fans d'entendre des chansons du premier album avec un Teenage Angst dans sa version piano pas aussi poignant que d'habitude et un formidable Nancy Boy pour finir, quand même, en beauté (mais 15mn avant l'horaire de fin prévu!). Déception donc pour Placebo qui étaient vraiment loin des sommets atteints sur cette même scène en 1999 et qui semblaient vraiment épuisés et lassés de cette immense tournée qui a fait suite à la parution de leur quatrième album Sleeping With Ghosts. Fin de cycle ou incident de parcours ??

Pendant que les plus courageux attendaient les intriguants T.V On The Radio et les furieux de Mono, la majorité du public regagnait les campements afin de reprendre quelque force pour les deux journées suivantes; les avis sur cette journée du vendredi étant franchement enthousiastes, le public eurockéen pouvait faire de beaux rêves en attendant la belle P.J et le retour de la revanche Pixies!