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Gold Panda

Paris, Maroquinerie - 11 décembre 2010

Live-report par Amandine

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Une fois n'est pas coutume, la Maroquinerie nous accueille aujourd'hui pour une soirée placée sous le signe de l'électro et c'est devant une petite cinquantaine de personnes sirotant des bières que se présentent les Français de Two Left Ears.
Un contrebassiste, venu accompagner les deux bidouilleurs aux platines et au laptop, suffit à éveiller l'attention et à faire envisager que cette première partie pourrait séduire par l'originalité de la formation. " Hiphoptronica ", voilà comment Two Left Ears définissent leur musique, et même si, de prime abord, cette appellation nous semble farfelue, elle révèle assez bien le contenu de leur set: le plus gros du travail est en fait fourni par un seul des membres qui scratche et mixe de vieux disques hip-hop old school tandis que l'un d'entre eux est préposé au visual art... qui s'avère rapidement insipide et sans grand intérêt.
Le contrebassiste semble trop souvent un simple figurant et délaisse finalement son instrument au profit d'un clavier tout aussi inutile. L'arrivée d'une jeune chanteuse amène une touche trip-hop des plus intéressantes mais malheureusement la voix est tellement reléguée en arrière-plan qu'elle terminera en brouillon sonore accompagnant les synthés et les samples. Ne voulant jamais prendre une direction franche, Two Left Ears flirtent avec le hip-hop, le dubstep, le trip-hop et la jungle sans jamais vraiment oser et sans réelle cohésion entre les boucles. Aucun rythme accrocheur, la jeune formation n'aura décidément pas réussi à nous emporter dans ses circonvolutions.

C'est finalement sans grande surprise que l'on découvre que la salle est désormais bien remplie pour la venue en France du nouveau petit prodige anglais de l'électro, j'ai nommé Gold Panda. Souvent comparé aux touche-à-tout tels que Four Tet, Neon Indian ou encore Animal Collective pour le côté expérimental de sa musique, Derwin Panda, comme il aime à se faire appeler, sait tirer de ses expériences, de ses voyages et de ses passions toutes les sonorités et les émotions qu'il en a retenues pour créer une électronica où se mélangent shoegazing, free-folk, le tout à grand renfort de psychédélisme et d'électro plus dancefloor.
Son magnifique premier album, Lucky Shiner, sorti en octobre dernier, nous dévoilait les penchants de l'ursidé : passionné par le Japon et l'Extrême-Orient en général, il glisse des références à ces cultures de façon subtile et furtive pour nous faire voyager dans des contrées parfois très douces et à d'autres moments beaucoup plus rythmées.

Pour faire simple, Gold Panda m'avait charmée avec ses diverses influences piochées au grès de ses humeurs sans jamais me mener à l'écœurement. Alors que j'avais retenu des versions studio la facette hypnotique et minimaliste de l'artiste, ce soir, je n'ai pu qu'entrapercevoir à quelques fugaces instants le subtil et accrocheur mélange d'électro-pop. En effet, aujourd'hui, son choix est, peut-être pour tenter de faire monter l'ambiance dans le public, de jouer la carte du set dansant, avec de bonnes basses et des rythmes catchy. Apparemment, l'auditoire est séduit mais ma déception est à la hauteur de mes attentes : aucune nuance ou presque pendant une heure et quart. L'orientalisme n'a été qu'effleuré et l'émotion ne transparait plus. Fort heureusement quelques minutes des fabuleux You et Snow & Taxis restent les moments les plus applaudis de la soirée.

Ce soir, Gold Panda semble avoir eu peur de révéler la fragilité de ses compositions et préféré la facilité en faisant danser les spectateurs plutôt qu'en les faisant voyager d'un continent sonore à un autre. Peut-être ne suis-je pas entrée dans une performance ne correspondant pas à ce que j'en attendais ? Qu'à cela ne tienne, cette soirée n'entachera pas tout le bien que je pense de cet artiste.