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BirdPen

Paris, Trabendo - 15 décembre 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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Depuis un moment, on constate que les années 80 n’ont pas été si inintéressantes musicalement parlant qu’on a bien voulu le dire dans les décennies qui ont suivies. De M.I.A, pillant sans vergogne les Clash aux Mirros, reflétant avec respect OMD, voici ce soir les Birdpen et leur Machines Live Like Ordinary People, plutôt proche, sur bien des points, du Sun Arise
Non, pas tout à fait. S’il ne fait aucun doute que certains récents simili groupes devraient au moins rendre hommage à leurs fonds d’archives samplés à tour de bras, à ceux qui n’ont jamais bénéficié du Grand Journal de Canal+ pour imposer leurs titres, certaines nouvelles formations méritent quand même le détour et plus d’attentions que de critiques. Car, enfin, voilà un groupe qui, marchant sur les plates-bandes du punk rock des années 80, tendance gothique pour l’occasion, (mais qui ne marche pas sur les plates bandes de quelqu’un ?), le fait sans chichis, sans boucles, usant du mieux possible des possibilités de leurs instruments électriques, électroniques et vocaux pour y inclure une soupçon d’épices du nouveau monde ; celui d’aujourd’hui.
David Penney, chanteur et guitariste de ce groupe occupant également les mêmes fonctions dans Archive depuis 2007, excusez du peu, s’est fait connaître avec les Birpen à partir de 2004 avec une poignée d’EPs assez confidentiels. Depuis la sortie de leur album On/Off/Safety/Danger, les Birdpen commencent à faire parler d’eux en France. C’est donc dans une salle musicalement réputée, qui plus est, accolée à la cité de la Musique de Paris que Birdpen prend place ce soir, assurant la première partie de la belle et expérimentée guitariste bassiste aux cheveux de rouille, Melissa Auf Der Maur.

Ça joue fort, en saturation et il ressort immédiatement de cette formation quelque chose de vrai, de ressenti et bien senti du côté des groupes post-punk comme The Damned ou The Godfathers panachés, bariolés d’un rock progressif et lunaire tel qu’Archive le maîtrise depuis ses débuts. Logique. Mais plus qu’un second couteau ou un job d’appoint pour le guitariste du groupe mondialement connu pour ses titres de plus de six minutes, Birdpen impose son style qui s’exprime pleinement sur scène par le biais d’un rock qui ressemble à du rock et pas à des boucles qui jouent seules des détournements de mélodies empruntées ça et là...
Pas loin de rappeler les meilleurs moments d’Archive sur scène (un monument de sincérité) David Penney et ses musiciens donnent tout ce qu’ils ont pour envoyer des titres comme Machines Live Like Ordinary People qui impose ses six minutes de rythmes hypnotiques plus lourds que le plomb soutenus par des sonorités de guitares et des effets d’échos à la limite de l’expérimentation sur un tempo plusieurs fois coupé, modifié, stoppant net les incantations de David pour reprendre de plus belle, quelques secondes de blanc plus tard, à la limite de l’incrédulité des spectateurs prêts à applaudir la fin d’un titre qui les prend pratiquement à revers et par surprise !
Le public étant plutôt froid et studieux par cette soirée d’un hiver rigoureux, c’est bien fait pour nous. Si Birdpen souffre d’un défaut ce soir, c’est celui de ne jouer qu’en première partie et seulement six titres dont les enchaînements, pratiquement indistincts, s’emboîtent violemment les uns dans les autres sous la fougue et la chevelure dionysienne de David Penney.

Melissa Auf Der Maur est-elle à ce point prophète dans son pays (Canada et Nord Amérique) pour nous faire attendre plus de quarante minutes le début de son set ? Photographe assez reconnue pour exposer chez Sotheby’s à New York, bassiste du groupe Hole et Smashing Pumpkins, là encore, excusez du peu, cette fille d’un conseiller politique de Montréal et de la première femme DJ du Canada est tombée dans la marmite dès son enfance.
Parcourant le monde avec ses parents, Melissa Auf Der Maur, de son vrai nom - ce qui est déjà une bénédiction du rock en soi ! - est une chanteuse multiculturelle pour qui les barrières des langages et des styles musicaux n’en sont pas et se permutent suivant ses inspirations. Du duo en français sur Le Grand Secret avec Nicolas Sirkis d’Indochine, aux titres plaidoyers si richement produits des Smashing Pumpkins à sa dernière création, son groupe éponyme, Melissa est une aventurière du Rock.
Elle peut mélanger le français et l’anglais dans un titre comme Taste You (en même temps, pour une Canadienne...), prendre le bon de Hole et des Smashing Pumpkins Out Of Our Minds et le beaucoup moins bon de ces expériences passées, Meet Me On The Dark Side, apparaître sagement apprêtée telle une Florence et ses machines sans son excentricité ou, plus fauve, prédatrice de public telle que ce soir avec ses longs cheveux roux bouclés sur un corps longiligne dans une tenue rock moulante à la Jimmy Page.

Ces différents looks, son ouverture d’esprit (il en faut pour aller chanter en duo sur la scène d’Indochine !) et toutes ses expériences d’ordre mondiales pourtant, ne suffisent pas à alimenter les amplis d’une formation agréable à regarder mais beaucoup moins à écouter. Dignes représentants d’un rock US fade et resté englué en 1995, « Melissa sur le mur » a pour elle son physique et sa prestation scénique, c’est déjà ça.
setlist
    No Escape
    Saver Destroyer
    Nature Regulate
    Off
    Machines Live Like Ordinary People
    Only The Names Change
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