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Trophy Wife

Paris, Flèche d'Or - 20 janvier 2011

Live-report par Julien Soullière

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L’hiver revient, et l’envie d’aller se réchauffer à la Flèche d'Or avec lui. Chaussures lacées, on se met donc en direction de la rue de Bagnolet pour une soirée franco-anglaise que l’on ne pouvait qu’espérer riche en décibels et en découvertes. Les amateurs de fruits seront contents, les autres un peu moins : le tout aura été mi-figue, mi-raisin.

Premier groupe à arpenter la scène ce soir, les français de Concrete Knives. Eux, leur truc, c’est un son à la croisée des B-52s (pour les plus anciens) et de Metric (pour ceux qui le sont moins), et au final, il serait mentir que de nier la belle honnêteté de leur set. Le problème, c’est que derrière les guitares musclées et l’envie évidente de bien faire, on ne décèle rien de vraiment passionnant : les titres proposés, il est vrai, se ressemblent tous un peu trop dans leur structure peu aventureuse, et les acolytes de Morgane Colas manquent sûrement encore de personnalité et de confiance en eux pour exploser sur scène. Rien de trop grave dirons-nous, les retardataires ayant alors tout loisir de se réfugier sous la véranda pour conter à leurs proches leur journée de dur labeur, sans qu’ils aient la désagréable impression de louper la prestation de l’année; ceux qui feront le choix de rester se satisferont d’une entrée en matière qui saura malgré tout tenir éveillé avant le plat de résistance.

Rien ne le laissait présager, mais la surprise de la soirée aura été française. Retenez bien ce nom pour peu que vous ne le connaissiez pas déjà: Sarah W. Papsun. Un set sans temps mort (d’où l’impression donnée par le groupe de ne jouer qu’un seul, même et vertigineux morceau), une instrumentation punchy et malicieuse (en attestent les teintes de math-rock), une voix habitée qui ne sombre pas face à la déferlante de décibels : aucun doute, le trip rock et sinueux déployé ce soir par la petite troupe aura marqué les esprits.
Car loin du truc pompeux par excès, de la musique de techniciens à l’attention des seuls techniciens, les Sarah W. Papsun font certes état de leur maitrise instrumentale, mais sans en oublier d’être mélodiques et immédiats. Ainsi, difficile de ne pas se laisser piéger par l’univers tissé note après note par le groupe, qui en plus de s’être forgé une véritable identité, aussi bien musicale que scénique, fait preuve d’une formidable envie d’en découdre. Ce soir, les Sarah W. Papsun ont joué la bande originale de leur petit monde, et l’œil du public brillera encore longtemps après que la formation ait quitté la scène.

Tête d’affiche, les jeunes et prometteurs Trophy Wife ferment la marche, non sans provoquer amertume et désillusion du côté du public. Car, pour peu que vous en doutiez encore, il ne suffit pas d’avoir un percussionniste aux faux-airs de David Guetta, et un clavier aussi sautillant qu’infatigable pour faire un concert digne de ce nom. Ceci dit, il est vrai qu’un miracle se produit rarement en vingt minutes, ce qui est plus ou moins la durée du set proposé par les anglais ce soir. Une grosse pilule donc, d’autant plus difficile à avaler que, si les musiciens semblent en place et disposés à jouer, la sauce ne prend que par intermittence : il faut dire que le chant a bien du mal à se faire une place parmi les instruments, et que les compositions, tout aussi matinées d’électro et d’accents math-rock qu’elles soient, ne sont pas toujours des plus entrainantes. Du moins dans des conditions live.

Pour sûr, et malgré la révélation Sarah W. Papsun (qui a clairement fait la soirée des uns et des autres), les Trophy Wife ont déçu. Un groupe, quel qu’il soit, forge en partie sa réputation sur scène. Il serait donc bon, qu’à l’avenir, les anglais s’en souviennent.