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Belle And Sebastian
Zoey Van Goey

Paris, Grand Rex - 11 avril 2011

Live-report par Amandine

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Le printemps, le soleil, on ne pouvait qu'arriver au Grand Rex le sourire aux lèvres ce lundi pour accueillir Belle & Sebastian. Et en effet, il valait mieux être de bonne humeur pour affronter les dizaines de mètres de file d'attente sur le boulevard Poissonnière.

On redoute déjà la déception, on se demande comment le groupe va gérer ce dernier album, un peu léger, en live. Malgré tout, ces interrogations se passent dans la bonne humeur, les nombreux fans anglais se mélangeant aux frenchies.
Nous entrons enfin dans un Grand Rex prêt à exploser ; qu'on ne s'y trompe pas, les fans des Ecossais sont venus en masse soutenir ceux qu'on appellent Outre-Manche les Smiths de la génération post-Morrissey et Marr. Que demander de mieux que le kitsch rococo du Grand Rex avec ses décors en placo-plâtre et ses mauvaises répliques de nus antiques pour accueillir la pop faussement naïve de Stuart Murdoch et sa bande ?

S'il est un exercice difficile et ingrat pour des musiciens, c'est bien de faire la première partie d'un groupe attendu comme le Messie. Ce soir, c'est à Zoey Van Goey, quatuor de Glasgow, qu’incombe cette lourde tâche. Leur bonne humeur débordante, leurs mélopées pop accrocheuses, leur gentillesse, ils usent de tous les stratagèmes possibles pour se mettre le public dans leur poche... Et c'est une totale réussite ! Le batteur s'aventure dans un français approximatif qu'il n'avait plus parlé depuis ses douze ans (et qui, selon ses dires, n'avait pas pour vocation d'être décliné devant des centaines de personnes) et les spectateurs sont rapidement conquis par des chansons simples et efficaces. En apprenant que leur premier single, Foxtrot Vandals, a été produit par Stuart Murdoch, on comprend mieux pourquoi Zoey Van Goey a si bien rempli son rôle aujourd'hui. Les trente minutes défilent rapidement et on regretterait presque de les voir quitter la scène vers 21h.
S'ensuit une attente qui nous paraît interminable. Les roadies valsent sur scène pour amener le nombreux matériel : pas moins d'une dizaine de guitares, des violons, des claviers... l'impatience monte d'un cran. On découvre alors le décor d'arrière-scène concocté pour la tournée : les affiches de la jaquette de Write About Love, toujours aussi délicates et devenues un symbole du groupe de Glasgow.

Enfin, les lumières s'éteignent et le public s'époumone à n'en plus pouvoir. A partir de ce moment, et ce pendant une heure quarante-cinq, la magie ne cessera d'opérer.
D'un groupe ayant commencé sa carrière avec un album de la trempe de Tigermilk, on ne peut que demander le meilleur et ce soir, ils enchanteront, émerveilleront un public médusé. Si Stuart Murdoch est plutôt connu pour son indélicatesse envers les journalistes, il fait aujourd'hui preuve d'une gentillesse sans borne. La silhouette gracile, de noir vêtu et flanqué d'un Borsalino, il réussit la prouesse de placer la bonne note, la bonne intonation et d'insuffler la bonne émotion à chaque seconde. Avec la violoniste Sarah Martin, ils forment un duo de voix parfaitement balancé, Murdoch sachant toujours se mettre en retrait au bon moment.
Ainsi, tout les confine à la quasi perfection. La douzaine de musiciens ayant pris possession de la scène joue son rôle sans aucune fausse note ; on jouit des lamentations des violons et du violoncelle tandis que la trompette vient servir les compositions plus joyeuses du groupe. Les Écossais semblent à l'aise, Stuart parsème le concert d'anecdotes sur ses frasques parisiennes, il fait participer le public en faisant monter quelques personnes sur scène pour danser ou taper dans les mains et leur décerne des médailles. C'est un brin kitsch mais ça colle tellement bien à l'image que l'on a tous de Belle & Sebastian.

Musicalement, le groupe pioche dans un vivier discographique prolifique ; il en tire pourtant le meilleur pour nous proposer une setlist comportant à la fois de vieux morceaux, à l'image d'Expectations ou The Fox In The Snow ou d'autres issus du dernier album. Si Write About Love nous avait paru un peu plus faible à sa sortie, Belle & Sebastian réussit à redynamiser les compositions comme I Want The World To Stop. Ils alternent des titres joyeux qui font dodeliner de la tête (d'ailleurs, nombreux sont ceux à s'être demandés pourquoi Diable toutes les places étaient assises, même dans la fosse) comme I'm A Cuckoo et de sombres histoires compliquées comme le magnifique Lord Anthony qui, mené par la voix délicate de Stuart Murdoch, nous vaudra un frisson tout le long de la moelle épinière.

Belle & Sebastian n'a donc pas failli à nos attentes lors de ce concert parisien. Les Écossais ont réussi un sans-faute, tant au niveau du choix des morceaux que dans leur interprétation. On pourrait avoir à redire sur un set un peu trop carré mais, malgré tout, un sentiment de spontanéité et de fraîcheur se dégage tant ces moments si intenses sont aussi précieux que rares.
setlist
    The Stars Of Track And Field
    Expectations
    Write About Love
    Women's Realm
    I'm Not Living In The Real World
    Piazza, New York Catcher
    I Want The World To Stop
    Lord Anthony
    Sukie In The Graveyard
    The Fox In Ther Snow
    If You're Feeling Sinister
    I'm A Cuckoo
    The Wrong Girl
    I Didn't See It Coming
    The Boy With The Arab Strap
    If You Find Yourself Caught In Love
    Judy And The Dream Of Horses
    Sleep The Clock Around
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    The Blues Are Still Blue
photos du concert
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