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Friendly Fires

Paris, Point Éphémère - 14 avril 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Comment trouver un nouveau patronyme de groupe sans tomber dans le déjà vu lorsque l'on veut marquer les esprits sans prendre position ? On choisit quelques lettres qui ne forment aucun mot connu, aucune abréviation connue et composé uniquement de consonnes, le tout en majuscule, histoire de rajouter à l’imprononçable identité, une façon d’en imposer !

Blague à part, SBTRKT, invité en première partie de Friendly Fires ce soir, est un Britannique qui débarque, tout frais moulu, dans l’univers du Dubstep. Il s’est fait remarquer l’année dernière pour ses reprises de Radiohead et Goldie. Quelques EPs plus tard, il signe chez Young Turks (ceux qui ont décroché le banco avec The XX).
SBTRKT, c’est ce soir deux garçons portant sur scène des masques africains. Ils nous ont concocté une sorte de minimal-tech-house rythmée avec des synthés et tout ce qui va avec, proposant ainsi des morceaux funky avec de bonnes basslines en plus d’une aura disco qui plane au-dessus d'ambiances définitivement house.

 

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Si Section 25, groupe politiquement engagé des années 80 de l’écurie Factory, existait encore, il serait sans doute fier de voir son Friendly Fires, repris par Ed Macfarlane, Jack Savidge et Edd Gibson, les fondateurs du groupe éponyme en 2008. Difficile d'affirmer s'il s’agit là d’un hommage à la froideur du son et à l’engagement idéologique de leurs aînés, mais force est de constater que le référent devra s’arrêter là !
Malgré ce nom, évocateur de sujets d’actualités brûlant sous le soleil d’Afghanistan ou d’Irak, Friendly Fires n’est pas à proprement parler un groupe dont les titres dénoncent ou glacent le sang par leurs prises de position. Ce serait même plutôt le contraire ! Habitué des labels électroniques, Anglais ou Allemands, leur force réside dans une partie rythmique (très) bien pensée et toujours en recherche de sonorités novatrices.
Jouant à deux percussionnistes sur scène, voire à trois quand Ed Macfarlane lâche son micro pour empoigner le Campana Cubain ou les Maracas, le moins qu’on puisse dire c’est que Friendly Fires sait faire danser son public. Ed Macfarlane, jeune leader tout en bonhomie que l’on pourrait penser un peu court à première vue, n’a besoin que d’un tour de chauffe pour lancer la pile à combustible qui l’anime, dès lors qu’il est sur scène.

Interviewé le matin, il était apparu amorphe, blasé pour ne pas dire renfermé... mais le soir même, dans la chaudière de la petite salle du Point Éphémère, il ne paraît en rien semblable à tout cela. Boule de nerf d’un mètre soixante, il arbore une bouille qui n’est pas sans rappeler celle de Mick Jagger très jeune et adopte un jeu de jambe et de bras que je n’avais plus vus depuis Al Pacino dansant tout de cuir vêtu dans The Chase, en 1980 ! Il faut dire que la musique, elle aussi, semble être issue du film de William Friedkin où un serial killer officie dans le milieu Gay de New York.
Après leur premier album au nom éponyme en 2008 et quelques pépites adulées par nos chers radios (In The Hospital, Paris), on attendait Friendly Fires de pied ferme et dans un style pop électro proche d’un Metronomy. Ils nous reviennent avec Pala, un album bien plus disco que prévu. Légèrement kitsch avec leurs boules à facettes multicolores et l’écran affichant un oiseau du paradis qui vole en fond de scène, un tantinet précieux dans le déhanchement incontrôlé et sensuel d’Ed, s’aliénant quelques mecs du public au passage et talentueusement énergétique dans leurs rythmiques, issues pour la plupart de la Batucada Brésilienne, ils ont la bonne idée de jouer à six ce soir, intégrant deux cuivres et un percussionniste/guitariste en plus du trio originel.

 

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La moyenne d’age est basse et ne veut pas s’embêter de superflu ; il faut que ça bouge, que ça danse et que ça communie dans l’amour. Tout ça Ed, Jack et Edd le font à merveille ! Les titres défilent et rares sont ceux annoncés qui ne déclenchent pas les hourra du public, à peine entamés. Ainsi, la moitié de la salle se voit transformée en piste de danse, ce qui, pour le Point Éphémère, est une seconde nature. Ed manie le sample d’une main à l’aide d’un Korg imposant posé devant son pied de micro et, de l’autre, tient le cône dans lequel il pousse des vocalises romantiques qui nous nous renvoient au plus fort d’un autre groupe très populaire dans ma jeunesse et tutoyant alors une rythmique des enfers et des sonorités synthétiques à peine découvertes : Duran Duran !

Alors, Friendly Fires serait un groupe disco Queen dans le style blond décoloré sur les mèches du devant ? Eh bien un peu, oui ! J’entends déjà les reproches : « tu y vas fort ! ». Tout en appréciant leur premier album et en affirmant que In The Hospital est un morceau très intelligent dans le genre disputé, on ne voit pour le moment rien de meilleur dans leur second opus, sûrement en raison de la production, un peu mollassonne. La prestation de ce soir, débordante d’énergie et arrivant à me remuer du bassin - c’est dire ! – est plus que plaisante à vivre mais, tant que ces anglais continueront de chanter Love Kiss ou Hurting avec des paroles un brin balourdes sur des sons de batterie électronique des années 80s, il ne faudra peut-être pas en attendre plus.
À vrai dire, Friendly Fires c’est l’histoire de trois mecs plutôt accrocheurs, qui connaissent leur sujet sur le bout des doigts, mais qui semblent ne pas avoir assez confiance en eux pour faire autre chose que jouer les maîtres de cérémonie de concerts hype.
setlist
    Lovesick
    Blue Cassette
    True Love
    On Board
    Chimes
    Skeleton Boy
    Show Me Lights
    Live Those Days Tonight
    Hurting
    Jump In The Pool
    Pull Me Back To Earth
    Paris
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    Hawaian Air
    Kiss Of Life
photos du concert
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