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Fujiya & Miyagi

Paris, Alhambra - 26 avril 2011

Live-report par Amandine

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On regretterait presque de devoir venir s'enfermer à l'Alhambra tant la météo est clémente ce mardi mais l'affiche de ce soir a eu raison de notre envie de terrasse et de houblon frais. Sur fond de Kraftwerk, les spectateurs commencent à se faire de plus en plus nombreux pour accueillir une première partie aussi intéressante qu'attendue.

Les Français de Yeti Lane officient dans un style encore assez peu représenté dans l'Hexagone. Nés sur les cendres de Cyann & Ben, ils délaissent le post-rock de leur ancienne formation pour nous proposer une électro-pop atmosphérique du plus bel effet. Auteurs d'un album éponyme très remarqué et encensé par les critiques, ils ne sont aujourd'hui que deux pour nous faire découvrir en live leurs compositions inspirées.
Dès les premières minutes, on constate la pertinence de Yeti Lane pour une première partie de Fujiya & Miyagi ; on pourrait résumer leur musique à de la synth-pop teintée d'électro mais ce serait trop réducteur. Le duo déplace des montagnes de sons et d'arpèges pour étoffer ses morceaux : le batteur, également en charge de la boîte à rythme et des boucles, s'éloigne des rythmes basiques pour proposer un jeu original, basé sur les arythmies et les contretemps, lesquels permettent au chanteur, aussi guitariste et claviériste au demeurant, de placer ses synthés spatiaux et envoûtants.
L'électro est toujours dosée avec parcimonie et discernement, au service de l'ambiance et de l'enrichissement des compositions. La musique de Yeti Lane est un parfait équilibre entre le tellurique, assuré par une batterie agressive et novatrice et l'aérien avec la voix éthérée et les arrangements ambient, le tout tissant un patchwork sonore parsemé de boucles hypnotiques. On constate, tout au long du set, une belle montée en puissance à base de space rock à l'univers foisonnant qui vaudra aux Français les faveurs d'un public étonnamment attentif.

 

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Lorsque débute le set de Fujiya & Miyagi sur les notes de Cat Got Your Tongue, on découvre le quatuor de Brighton dans la plus grande simplicité, comme à son habitude. On les avait laissés en décembre dernier à la Flèche d'Or avec un concert de promotion de leur nouvel album, Ventriloquizzing, des plus prometteurs et ils sont présents ce soir pour confirmer tout le bien que l'on pense de ce groupe à part sur la scène musicale britannique.
David Best, de son timbre monocorde, nous susurre, de son chant plus parlé qu'autre chose. Ses compositions sarcastiques et sa voix viennent nous rappeler Colin Newman dans les plus grands moments de Wire. D'ailleurs, ce qui saute rapidement aux oreilles, c'est la teinte post-punk que prend la formation en live : le chant, la batterie binaire, les grosses lignes de basse et surtout un univers résolument sombre, les éléments sont revisités par rapport aux versions studio pour notre plus grand plaisir. Les titres plus électro, comme Knickerbocker ou Cassette Single, envoient par leur singularité et leur redondance, sans jamais nous faire chavirer dans l'ennui. Si les titres de Ventriloquizzing sont largement mis en avant, nous avons toutefois la chance d'obtenir d'anciens morceaux comme Ankle Injuries.

S'il fallait émettre un bémol à la prestation de Fujiya & Miyagi, ce serait sans aucun doute la courte heure de concert qu'ils nous ont proposée ce soir ; au bout d'une quarantaine de minutes, lorsqu'on les voit sortir de scène, on imagine et espère que ce sera pour un court entracte... mais malheureusement pas. Ils terminent en beauté sur Ankle Injuries, scandant pendant de longues secondes le nom du groupe avant de s'éclipser. Un très grand moment, intense et sans fausse note... 20/20.