The Kills

Black Balloon reprend l'un des titres-phares du dernier album du groupe, Midnight Boom, et offre en bonus trois titres enregistrés lors d'une iTunes Session.

Le morceau titre se révèle toujours aussi génial dans le minimalisme de son refrain répété à l'infini, l'épure de la ligne de basse et l'obstination des claquements de doigt. On y retrouve bien la patte des Kills, cette angoisse sourde concentrée dans une pulsion organique, que Midnight Boom a distordu par une multiplication des beats mais qui y demeure plus présente que jamais, sur cette piste en particulier.

On poursuit avec une reprise surprenante, Crazy de Patsy Cline, tube de blues qui n'est pas ce que l'on s'attend le plus à trouver dans la gorge d'Alison Mosshart. Mais ça passe, et même plus : sa voix de fumeuse se fait tragique, se coule dans la lenteur de la chanson, se l'appropriant avec brio, accompagnée d'une guitare discrète. « I'm crazy for trying », dit-elle: l'essai est une belle réussite, qui prouve, s'il en était besoin, que si les Kills ont réinventé une forme de rock, ils n'ont pas vocation à y rester enfermés, mais plutôt à coloniser toute musique par leur pulsion de mort exacerbée.

Ensuite, Kissy Kissy, réenregistrement d'une chanson de leur premier album, Keep On Your Mean Side. Le dénuement y est poussé à l'extrême, dans l'esprit des meilleurs titres de No Wow; la batterie disparaît, le motif de guitare se fait obsédant. Promenade à deux voix, la reprise transforme une expérimentation des débuts en un aboutissement de la maturité.

Sauf que : on l'a assez dit, l'album de la maturité que fut No Wow n'a été qu'une étape pour les Kills, qui avec Midnight Boom se sont empressés de découdre leur œuvre pour expérimenter plus avant. Sour Cherry, également tiré de ce dernier opus, reste dans son esprit général, où la beatbox passe au premier plan et où les sons se multiplient en un patchwork faussement pop et toujours flippant.

Cet EP à la fois décousu et dévoilant la cohérence profonde du groupe donne donc un éventail assez juste des différentes voies et voix des Kills, et célèbre à lui seul le génie du duo.