The Bishops

Les nouveaux romantiques ont le vent en poupe. Passés de deux à trois frères du même nom en 2010 – on n’avait pas vu cela depuis les Beach Boys et les trois frères Wilson – le recrutement du plus jeune des Bishops porte dorénavant la formation Londonienne à quatre membres et à huit mains.

Nécessairement, les possibilités mélodiques, lorsque l'on joue surtout d’instruments acoustiques, plus qu’électroniques, s’en trouvent décuplées. Si le trio affectionnait, jusque-là, les compositions rock, voire garage rock en droite ligne des années 50s/60s, singeant même parfois un peu trop les tenues et les coupes de cheveux des Beatles et des Mods, l’apport d’un nouveau membre a, sans nul doute, insufflé de l’air entre leurs instruments et une dimension supplémentaire à leur univers.
Moins binaires qu'à l'époque de leurs deux premiers albums, The Bishops ont délaissé les mélodies claires et taillées pour les podiums au bénéfice de complaintes néo-romantiques qui ne sont pas sans rappeler les groupes les moins exposés de la période after new wave. Aériens dans les nappes de violons (Nowhere To Run) mais évoluant tout de même sous un ciel plombé par une certaine nostalgie, Sojourn est une invitation à voyager sur les traces de délicats groupes à textes des années 80s comme Aztec Caméra. La ressemblance est parfois tellement criante dans les sons de guitare, le phrasé et la construction mélodique, très acoustique, que l'on pourrait presque déclencher une guerre de plagiat entre artistes sans le vouloir !

Néanmoins, sans tomber dans le panneau du revival facile saupoudré d’une once de claviers synthétiques et d’une pincée de percussions électroniques, Sojourn reste un disque de musique contemporaine dont le thème central des textes est l’introspection et celui de la tonalité et du rythme musical, le contretemps des percussions soutenu par une voix grave et longue en bouche (Finding Out).
Mais ce que les Bishops ont gagné en profondeur et peut-être en maturité, alors que leurs derniers concerts n’ont pas toujours déplacé les foules, se concentre en une petite suite de titres sur un EP dont aucun morceau ne se détache vraiment des autres. Cinq titres et quatorze minutes d’écoute ; le but de ce disque se situant dans la relance d’une formation en perte de repères.

Seule leur intégrité stylistique sans concession pour tout ce que la mode du moment impose de rythmes synth-pop, de sonorités exagérément synthétiques et d’accoutrements vestimentaires (récemment, ils ont préféré opter pour le no-style) les sauve d’une critique plus acerbe. Sojourn doit être considéré comme une course d’étape, un voyage à mi-chemin entre les Bishops trendy évoluant dans le swinging London et cette nouvelle formation étoffée qui nous informe de leur prochaine destination ; pas encore bien décidée.