Young Legionnaire

Mathématiquement parlant, Young Legionnaire peuvent être vus comme les 2/3 d’un all-stars band. Non pas que le trio compte dans ses rangs certaines des plus grandes légendes du rock, mais Paul Mullen (ex-Yourcodenameis:milo, ex-The Automatic) et Gordon Moakes (Bloc Party) ont suffisamment battu le pavé pour que l’idée de les retrouver tous deux dans le même bateau attise quelques curiosités. L’avantage, ici, c’est que l’on ne parle pas d’un projet voué à crouler sous le poids d’un héritage exagérément lourd (Lou Reed, Metallica, si vous nous regardez...), et on peut donc tendre l’oreille sans trop être tenté par des comparaisons cruelles entre l’actuel et le préalable, bien qu’il nous faudra quand même prendre en compte le passif du groupe, celui-ci n’en étant pas à son coup d’essai.

Aujourd’hui encore, on ne peut pas dire qu’écouter Colossus/Iron Dream ou Crisis Works s’apparente à un long et douloureux supplice, mais rien n’apparait non plus comme suffisamment consistant pour justifier l’écoute ad vitam aeternam des titres proposés. Avec ce Wreckonomics EP, nos Young Legionnaire persistent et signent, démontrant une fois encore leur incapacité à être constants, et ce en dépit des préconisations de l’ami Oscar Wilde. Le plus frustrant là dedans, c’est sûrement qu’au lieu d’avoir à dissocier bons et mauvais titres, on en est bien souvent réduit à faire le tri au sein d’un seul et même morceau : revendiquant l’aspect très mélodique de leur musique pourtant couillue, Young Legionnaire échouent généralement à trouver celle qui nous fera accrocher d’un bout à l’autre de chaque pan de trois minutes.

Ainsi, il faudra être à l’affut des refrains de Killdozer pour prendre un tant soit peu de plaisir à l’écoute d’un premier titre fougueux autant que poussif. Plus léger, Perfect Chain n’aidera en rien à faire passer la pilule, et filera même de l’urticaire à celles et ceux que l’adolescence vue par la lorgnette « American Pie » débecte : très pop, à la limite du punk à roulettes, le morceau est fort heureusement suivi du diptyque Wreckonomics/Pinstripe Crown, qui s’apparente comme ce que l’EP a de mieux à proposer. Car bien qu’assez sommaires, ces deux titres ont le grand mérite d’offrir un meilleur équilibre entre les vocalises de Mullen et les ambiances lourdes et bougrement noisy qu’aime à invoquer le groupe. Et puis, syndrome de la Tourette oblige, voilà que le trio conclue son affaire sur un nouvel épisode power pop (We Can Build You), histoire de ne pas nous laisser partir sur une notre trop positive. Faut pas pousser, hein.

Que dire, arrivé à ce stade, si ce n'est que Young Legionnaire n'embraseront jamais les foules, et que ses membres, pour lesquels on n'aura de cesse d'exprimer notre sympathie, auraient tout intérêt à changer de bac à sable.