Stealing Sheep

Il paraît qu’à Liverpool on peut apercevoir des brebis volantes en levant le nez vers la lune. Elles se prénomment Lucy, Rebbeca et Emily, des jouvencelles ressuscitant le psychédélisme de la fin des années 60s. Leur premier EP bêle une descendance de Velvet Underground avec des voix folks modernisées de Mama's sans Papa's.

Après avoir vu le trio écumer les pubs anglais depuis 2010, cette première livraison sous la forme d’un Do It Yourself assumé a été enregistrée dans une école liverpuldienne abandonnée. Clavier lo-fi dézingués, guitares bluesy égarées et chœurs baba cool trainants y résonnent dans une atmosphère de bande originale de western. Dès le court single d’ouverture I Am The Rain, on sent Stealing Sheep lorgner de l’autre coté de l’Atlantique avec ces vocalises hippies « Uh La Luh » suivant une guitare errante. On est tout de suite attiré par l’originalité du son et le mélange des ces trois voix à l’unisson qui se ressemblent tout en se complétant idéalement. Elles prendront même des allures beaucoup plus maniérées sur les autres pistes, ressemblant souvent à une multitude d’autres chanteuses folk à voix enfantine, sucrée et finalement quelconque.

Fort heureusement, ces voix sont souvent recouvertes par l’instrumentation psychédélique, dispersée entre un fond électrique planant et un orgue divaguant et instable. Quelques arrangements furtifs habillent l’arrière-plan, débordant parfois sur la mélodie comme un diable sort de sa boîte. Les morceaux n’obéissent pas aux règles classiques de composition et dénotent par leur déstructuration. Si les chœurs fredonnés parsèment cet EP, les Stealing Sheep aiment à les accompagner de cordes déglinguées, parfois à la limite du faux mais sans jamais y sombrer. Paper Moon en est le parfait exemple : ce titre qui sent la poussière du désert pourrait accompagner un duel à l’arme à feu sous la lune éclairante. Entre gaieté vocale et soupirs instrumentaux, les anglaises mélangent des influences maitrisées avec une certaine fraicheur.

Stealing Sheep proposent un premier EP encourageant à l’aspect très brut, comme enregistré sur le vif. Le morceau bonus live sur lequel l’album est conclu ne peut que confirmer la ressemblance avec les titres studios : on ne perçoit presque pas la différence. Un oxymore égaré entre un son déluré et tordu, et une douceur printanière apaisante.