China Rats

Pour ceux qui ne connaissement pas encore China Rats, il s'agit d'un quatuor garage de Leeds, que l'on pourrait classer parmi un paquet d'autre groupes comme les Vaccines ou les Crookes. On les a connus avec les singles (At Least Those) Kids Are Getting Fed, qui n'était pas sans rappeler la fraîcheur pêchue des Undertones, et surtout le très bon To Be Like I, au potentiel tubesque exacerbé avec ses chœurs à la Beatles du début des années 1960, et dont s'est d'ailleurs servi Canal+ pour sa série Les Revenants. Toutes les raisons sont réunies pour prêter une oreille attentive à ce que ces quatre jeunes peuvent nous offrir.

Le premier EP de la formation, intitulé Don't Play With Fire, s'ouvre avec le single N.O.M.O.N.E.Y, accompagné d'un vidéo clip où les membres sont recouverts de pennies, dont la nervosité et la simplicité mélodique font presque penser, la tessiture de la voix en moins, aux débuts des Clash. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne s'éparpillent pas, et les synthés si trendy ne semblent pas beaucoup les intéresser. Deadbeat s'inscrit dans la continuité, allant toujours droit au but, le chant recouvert de reverb et de distorsion, scandant « no style, no self esteem » sur fond d'accords frénétiques et de déluges de cymbales. Le classicisme des instrumentations est poussé à l'extrême, et quand vient Get Loose on a un peu l'impression de ne plus distinguer les chansons : le rythme, la tonalité et la structure sont hélas quasiment identiques.

Reeperbahn calme un peu le jeu mais le chant colle trop près la suite d'accords, et persuade l'auditeur qu'il connaît une bonne douzaine de chansons qui sonnent exactement pareil, avec ce petit côté shoegaze « jemenfoutiste » et cette ligne de guitare qui ne prend pas beaucoup de risques. La clôture de l'EP, Green Tears, ne déroge pas à cette règle : le morceau ne se démarque ni par la rage ni par la mélodie, se contentant de conclure le disque dans une totale homogénéité. Évidemment on pourra arguer que c'est ni plus ni moins que le « son » du groupe, sa marque de fabrique, mais encore une fois le problème est cette fâcheuse impression d'avoir déjà entendu ce style des centaines de fois, sans qu'il soit au service de compositions fulgurantes.

Nous retiendrons un bon single, N.O.M.O.N.E.Y, sans que le reste soit à la hauteur des espérances que l'on pouvait légitimement avoir à l'écoute de l'excellent To Be Like I, lequel reste pour l'instant leur seul fait d'armes, en attendant un premier album qui, souhaitons-le, lui donnera une digne suite.