Fanfarlo

Si « La Fanfarlo » de Baudelaire semble être tombée dans l’oubli, mal-aimée jusqu'à en être reniée pas son propre géniteur, le groupe mené par Simon Balthazar semble lui vouloir s’inscrire dans la durée.
Exit les plaisirs trop immédiats, le second opus de Fanfarlo avait révélé chez eux des envies de grandeur, suffisamment en tous les cas pour que ça se remarque : jamais avare en rythmiques enlevées, toujours prompt à abuser de cordes et de cuivres, Rooms Filled With Light avait séduit par sa capacité à marquer la distance avec le rock folklorique élevé au rang de Saint par Reservoir, et à injecter dans une formule déjà connue des ingrédients inédits (on pense à la jazzy Tunguska, à la très disco-oriented Dig...), sans que jamais la cohérence de l’ensemble ne soit mise à mal.

Avec l'EP The Sea, Fanfarlo continuent donc d’écrire leur histoire à dix mains (certaines ayant laissé leur place à d’autres avec les années), dans une direction qui leur sied plutôt bien, et qui ne déconcertera pas celles et ceux qui les suivent depuis leurs premiers faits d’armes.
Enjouée et profondément ancrée dans les 80's, A Little Distance nous rappelle ainsi que Fanfarlo ont souvent été présentés comme des cousins éloignés, car moins mégalos, d’Arcade Fire, avec qui ils partagent, il est vrai, un goût pour les orchestrations amples et léchées, les chœurs, et l’art rococo (le saxophone restant ici le summum du kitsch).
Dévoilé il y a quelques semaines déjà, ce morceau constitue une ouverture des plus réussies, emballée comme il se doit par la voix de Simon Balthazar, dont le timbre joueur évoque parfois, et assez étrangement d’ailleurs, celui de sieur Johnny Borell. Foncièrement tragique, et portée par une candeur toute adolescente, The Wilderness est, elle, une chouette balade d’inspiration disco (hello, Guillemots!), rehaussée de notes de piano fantasques, et qui nous renforce dans l’idée que, décidément, Balthazar est parfaitement à l’aise dans son costume de crooner. On passera sur Witchy Tai To, longue montée en puissance psyché un brin redondante, pour terminer sur une nouvelle bonne note : The Sea, pièce pleine de larmes mais vaste comme une cathédrale, est la preuve que chez Fanfarlo, intimisme aussi rime avec sens de l'orchestration. Et c'est de franchement bon goût.

Une fois encore, Fanfarlo réussissent leur coup, accouchant d'un EP fort sympathique, et dont l'intérêt de faiblit pas avec les écoutes. On n'apprend pas grand chose de plus sur le groupe, mais on attend leur troisième album quand même.