Paru il y a un peu plus d'un an, le premier album de Daughter a été un grand succès, outre-Manche comme un peu partout en Europe, et notamment en France où le groupe a joué de nombreuses fois ces deux dernières années – dont Rock en Seine l'an dernier. Ne souhaitant pas de si tôt se faire oublier, le groupe sort cette semaine un EP contenant les cinq titres enregistrés il y a quelques mois aux Airs Studios de Londres en compagnie du compositeur Joe Duddell et d'un orchestre de dix musiciens, dans le cadre d'une fameuse 4AD Session.
L'orchestration est amenée de manière subtile et ingénieuse via le premier titre de l'EP,
Tomorrow. Alors que la première moitié de la chanson est quasiment identique à la version originale, les violoncelles se faisant relativement discrets, ce n'est que lorsque sont introduits la seconde guitare et la batterie que les cordes se lâchent. Ce sont ainsi les violoncelles qui se substituent à la guitare, légèrement dissonante et menaçante sur
If You Leave, accompagnés d'une contrebasse, d'une harpe et, sur la fin, de xylophones, dévoilant une facette moins ténébreuse du titre.
Still débute elle sur un cor d'harmonie et des notes discrètes de xylophone qui viennent se mêler aux accords de guitare d'origine et à la douce voix d'Elena Tonra. Alors que les cordes amènent une légèreté dans les arrangements de
Tomorrow, ils permettent ici d'amener une tension plus forte que sur la version originale.
De même,
Amsterdam débute de manière posée, où les notes de xylophone et le cor viennent accompagner la structure d'origine du titre. La contrebasse permet d'intensifier le matériau originel, notamment à partir de la seconde moitié où ils servent d'ambiance en arrière-plan, tandis qu'en fin de titre la harpe et les violoncelles révèlent une luminosité absente de la version présente sur l'album.
La réorchestration la plus intéressante est indéniablement celle de
Youth, les dix musiciens interprétant en harmonie sa sublime mélodie, délivrant alors un aspect grandiose au titre tout en restant sur la retenue. Elle est la seule version de cette
4AD Session qui amène véritablement quelque chose de nouveau, d'intéressant, allant même jusqu'à surpasser l'originale.
L'EP se termine sur
Shallows duquel, à l'image des trois premiers titres, l'orchestration monte crescendo, jusqu'à aboutir à un dernier tiers où tous les instruments se mêlent les uns aux autres, amenant de légers réarrangements, notamment sur les accords de violoncelles et du xylophone.
Alors que l'on aurait pu imaginer des réinterprétations plus folles, avec des envolées orchestrales ou des arrangements plus ambitieux, ces dernières se font hélas très timides. Cette
4AD Session s'avère donc au final plutôt décevante, surtout venant d'un groupe qui a composé rien de moins que l'un des meilleurs albums britanniques de 2013.