Jamie T

On ne s'attendait pas forcément au si tôt retour du jeune trublion anglais, car c'est seulement quelques mois après la sortie de son troisième album Carry On The Grudge , paru en septembre 2014, qu'il nous revient aujourd'hui ; en petit format, certes, mais en (grande) forme !

En six titres, Jamie T déroule une ambiance à la fois mélancolique et enivrante qui s'éloigne un peu plus de celles présentées lors ses débuts hétéroclites et plus tapageurs, qui tourbillonnaient autour d'influences musicales diverses - du rock au hip-hop en passant par la pop et le reggae – sans jamais être parvenues à faire éclater de réelle ligne de conduite.
Ici, Jamie Treays offre une image un peu plus posée de sa personnalité, en arpentant des chemins de traverse plus doux qu'à son habitude. Plus droites et ciblées, ses chansons s'orientent vers une musique globalement plus down-tempo. Le songwriter de Wimbledon y dessine une pop lumineuse et ample, mâtinée de touches synthétiques, qui a le don de préserver l'élégance et la (noble) simplicité qui ont toujours caractérisé son songwriting. Moins fou-fou, ce dernier parvient à faire de ses mélodies de vrais bijoux et une source inépuisable d'envoûtement, comme en témoigne le superbe habillage céleste de Don't You Find. Fidèle à sa sauvagerie rock n'roll, Jamie T n'oublie pas de mettre aussi beaucoup d'énergie et de sincérité dans ses racines punk, qu'il entretient toujours sur l'efficace Marilyn Monroe, ou de toucher en plein coeur par son hip-hop sensuel sur Magniola Melancholia, soutenu par des orgues doux et caressants.

Quant il ne met pas son talent au service de refrains FM (la ballade classique Riverbed, pas loin d'un tube d'Oasis), le chanteur - bientôt trentenaire - se met à nu sur sa guitare folk, en délivrant une version épurée, belle et fragile de Mama Don't Smoke des rockeurs canadiens Bran Van 3000 et une reprise désarmante de Bastards Of Young de The Replacements.

Un disque à l'équilibre constant, qui érige la mélancolie au rang de beau sentiment (s'il fallait encore en douter...).