The Courteeners

The Courteeners n'auront pas mis de temps à enregistrer ce premier album. Huit mois après leur premier single, on retrouve déjà ce St. Jude agrémenté qui plus est d'un second CD contenant des versions originales et acoustiques de quelques-unes de leurs chansons.


CD1. Démarrant sur les chapeaux de roue avec l'épileptique Aftershow, l'album présente là un de ses titres les plus rentre-dedans. Les guitares en sont le fil conducteur, amenant après ces folles 2 minutes 30 au premier single Cavorting. Si ce dernier se veut très bon pour les non initiés, il s'avèrera hélas plutôt périmé pour ceux qui le connaissent depuis plus de six mois. Pas aussi tenace qu'une chanson des Libertines, Cavorting sur cet album finit juste par divertir, notamment après un Aftershow qui plaçait la barre assez haut.

Bide Your Time joue de sa pop rock pour séduire et met en avant le chant bouffé de Liam Fray, si modéré qu'il n'énerve pas, même après dix écoutes. CD2. Sa version acoustique montre un aspect plus folk dans lequel Liam, au grain dilué dans du Pete Doherty (Babyshambles) et Luke Pritchard (The Kooks), garde toujours le contrôle et bouffe l'espace.

CD 1. What Took You So Long? débute toujours par des notes de guitare sombres et cet orgue lointain qui laisse présager une oeuvre charnière de St. Jude. Seulement, les guitares apparaissent à la trentième seconde pour en faire au final un titre pop rock convenable. Il est d'autant plus frustrant qu'avec la voix de Liam Fray, on imagine le groupe amplement capable d'élargir leur musique. On a envie de le voir partir avec des airs de crooner sur des mélodies bluesy, ou au contraire, comme sur le CD2, dévêtir l'ensemble pour n'en garder que l'essence, dépouillée et désenchantée.

CD1. Please Don't, avec son jeu de batterie lourd et sa guitare un peu country, est pas loin de contredire le précédent paragraphe. Se démarquant quelque peu du reste de l'album, elle laisse entrevoir des étincelles que le second moment d'accalmie de l'album, How Come, n'insuffle pas. Peu à la hauteur dans le plus simple appareil, les Courteeners restent sensiblement meilleurs quand il faut courir après la mélodie.

Après la chanson calme forcément il y a la chanson punk. If It Wasn't Me revient aux délires débraillés de Aftershow, là où le groupe semble le plus à l'aise. Le riff strident érafle, le chant déraille, la batterie est invulnérable. Le son est punk mais les arrangements sont bien présents, le refrain est ici moins primordial que les couplets et guitares qui prennent d'assaut la plage.

Plus loin, Kings Of The New Road ne tient pas non plus en place mais tient aisément la route. Les couplets intenses se posent sur des guitares retenues avant d'exploser progressivement, tout en tension palpable, avant que Kimberley, CD2, délivre un son de guitare moins perçant qu'à l'accoutumée et un Liam plus agité que jamais.

No You Didn't, No You Don't, B-side de Cavorting et prochain single du groupe, dérange le folk avec malice. En apparence simple, elle enchaîne les notes sans en faire des tonnes. Plus attachante encore que sa version originale, No You Didn't, No You Don't CD1 reste toujours aussi insaisissable, en atteste ce final en handclaps avant son refrain simplement irrésistible.

Dernier single en date, Not Nineteen Forever est, à la manière du sympathique Acrylic, un titre pop trop terne et monotone. On lui préfèrera l'enchaînement Fallowfield Hillbilly et Yesterday, Today & Probably Tomorrow qui termine le CD1 : on est sur le premier au coeur du punk, braillard et imparable, un des morceaux les plus réussis de St. Jude, quand le second mise tout sur la folk éthérée et élégante, où le chant fait ses manières habituelles avec délice, à la manière CD2 de la courte An Ex Is An Ex For A Reason, plus embryonnaire mais tout aussi efficace.

Alternant montées et descentes, St. Jude est jamais plat, on ne s'ennuie qu'a de très rares moments sans pour autant crier au génie. On bouge sans arrêt tout en restant dans un schéma classique, on fait des allers et retours entre pop et punk pour un résultat cahoteux mais encore trop routinier pour un groupe dont on sait pertinemment qu'il peut aller au-delà.