Enfin. Il était temps. Voilà trois ans que l'on attendait fébrilement le second album de Fionn Regan. Trois ans et six mois durant lesquels chaque fan de
The End Of History a réécouté les discographies intégrales de Bob Dylan, Nick Drake, Ryan Adams et Elliott Smith. Trois ans, six mois et un jour que l’on se répète inlassablement que
The Shadow Of An Empire ne pourra décemment pas surpasser ni même égaler son prédécesseur. Et voilà trois ans, six mois, un jour et maintenant cinq ou heures que l’on se repasse en boucle
The Shadow Of An Empire, tiraillé entre excitation et insatisfaction : le jeune songwriter a ici mis l’acoustique au placard, laissant quelque peu en arrière-plan les émotions si fortes que revêtait son premier album...
Fini donc le chant limpide et aventureux habité par Willy Mason et Conor Oberst (Bright Eyes), Damien Rice et Bob Dylan, Lionel Vancauwenberghe (Girls In Hawaii) et Ryan Adams. Finies les perles folk comme
Put A Penny In The Slot et
Hunters Map,
Be Good Or Be Gone et
Hey Rabbit,
Noah (Ghost In A Sheet) et
The Underwood Typewriter. Fionn Regan a évolué, Fionn Regan a mué, Fionn Regan s’est électrisé.
Gardant sous le coude des similitudes avec Dylan et Bright Eyes, mais cette fois sans les égaler, l’irlandais déçoit sur une bonne moitié d’album. Une moitié certes réussie mais qui ne possède pas l’inspiration de l’autre, ni le génie de
The End Of History. Les guitares à présent prennent les devants, le rythme s’accélère, et ce au profit du songwriting impeccable que contenait le
debut album.
On retrouve fort heureusement quelques coups d’éclat, à l’image des somptueux
Violent Demeanour,
Lord Help My Poor Soul et
The Shadow Of An Empire. Un retour à nos premières amours, simples et dépouillées – bien que plus tumultueuses, nouvelle orientation oblige. Guitare sèche, piano, rythmique apaisée, rien n’est de trop.
Quelques exceptions sont là pour raisonnablement contrecarrer notre nostalgie : la folie douce de
Coat Hook donne dès la première écoute le sourire, quand c'est plus loin au tour de l’americana de
Little Nancy et son air d’harmonica de nous rallier à sa cause. Le single
Protection Racket, si l’on fait fi des antécédents brillants de Regan, peut aussi à la rigueur nous faire passer 2 minutes 30 de plaisir.
On ne pouvait forcément que s’attendre à être relativement déçu par ce second album tant l’attente fût longue. Mais trois ans, six mois et un jour pour cinq titres réellement dignes d’intérêt sur dix, c'est long...
The Shadow Of An Empire n’est finalement qu’un énième disque de pop-rock anglais.
The Shadow Of An Empire a beau être réussi, il n’en demeure pas moins étouffé par les compositions passées du jeune songwriter.
The Shadow Of An Empire n’est pas ce joyau auquel on était en droit de s’attendre.
The Shadow Of An Empire n'a définitivement pas l'aura de
End of history.