The Magic Numbers

Les Magic Numbers auront pris leur temps pour sortir leur troisième album, et cela s’entend. Avec The Runaway, la joyeuse pop des quatre anglais a évolué vers plus de maturité, même si cela ne suffit pas forcément à faire des étincelles.

Dès les premiers morceaux, les qualités de l’album ne font aucun doute. Belles harmonies, excellents arrangements, beaucoup de recherche. Le célèbre Robert Kirby a d’ailleurs livré ses dernières contributions avant de mourir peu après la fin des enregistrements. A priori, rien à redire. The Pulse commence in media res, sur des arrangements magnifiques. Tout de suite après, Hurt So Good vient confirmer la tendance. On retient surtout les beaux chœurs du début mais la chanson ne perd pas de sa force quand ceux-ci s’arrêtent et laissent place à la voix du chanteur.
Et pourtant... Les chansons se suivent et se ressemblent. L’album se laisse écouter puis s’oublie. Le travail sur les harmonies est parfois trop affiché. Reprenons Hurt So Good. Cette chanson est parfaite, mais, justement, presque trop parfaite, trop soignée, trop lisse. De même, Restless River attire l’attention grâce à ses harmonies, à une ambiance sixties très bien restituée mais précisément, on croirait entendre un pastiche de Crosby, Stills and Nash. Le mimétisme est poussé un peu trop loin. C’est comme si l’illusion était trop parfaite pour qu’on y croit. Le morceau en devient monotone.

Cependant, évidemment, la perfection des arrangements n’est pas le seul problème, ce serait trop beau. Prenez Throwing My Heart Away par exemple. Voilà une chanson qui, après d’excellents morceaux, vient vous assommer avec sa guimauve, son côté beaucoup trop sucré, surtout durant le refrain. Et puis, tout se passe comme si on perdait un peu le fil et qu’on négligeait de faire bien attention aux derniers titres.
D’un côté, les Magic Numbers ont fait un pas considérable depuis leurs premiers albums. Une meilleure maîtrise, une veine mélancolique beaucoup plus poussée. De l’autre, on a l’impression que ça ne fonctionne pas toujours comme ça devrait. Paradoxalement, c’est quand le groupe fait dans la simplicité qu’il marque le plus les esprits. On peut regretter qu’il n’y ait pas plus de morceaux à l'image de A Start With No Ending. Techniquement, c’est tout sauf un chef d’œuvre, mais la chanson est extrêmement entraînante, on est comme emporté par son vent de gaieté et ses paroles naïves et on ne s’en lasse pas. Puis, il y a de ces petites chansons discrètes comme Only Seventeen, qu’on ne remarque pas vraiment du premier coup d’œil mais qui s’avèrent finalement être de très bons morceaux.

Il serait trop dommage de demander au groupe de s’en tenir à des morceaux simplistes. Il serait trop dommage de leur demander d’arrêter tous leurs efforts. Mais il ne faudrait pas croire qu’en faisant toujours plus difficile, on fait toujours mieux.